Pour tout organisme, la recherche de bénévole est un exercice quasi-perpétuel. C’est également ce que vivent les responsables de la Société Alzheimer Laval, pour qui le recrutement des bénévoles au transport demeure un défi. Actuellement au nombre de cinq, les chauffeurs doivent accompagner les clients à l’organisme pour les journées de répit. Parmi eux, Jean-Marc Lefebvre, qui s’implique depuis trois ans.
Un matin pluvieux de mai, c’est à la Résidence des Écores que nous retrouvons M. Lefebvre, pour son premier rendez-vous de la journée. Gilles Sylvestre, 87 ans, atteint de la maladie d’Alzheimer, apparaît dans le hall d’entrée au bras d’un préposé. Tout de suite, le chauffeur va à sa rencontre et prend le relais. «Il a aussi des problèmes de vision», ajoute le bénévole, en l’accompagnant. D’un pas lent, il le guide vers la voiture, qui les mènera jusqu’à la Société Alzheimer Laval. Une journée de répit pour M. Sylvestre, comme il le fait quatre fois par semaine.
Le départ
À 8h50, ils quittent la Résidence. Dans la voiture, les discussions restent générales. «Le sujet qui marche, c’est la météo, dit avec le sourire M. Lefebvre. Sinon, je mets souvent de la musique. De la musique classique, du jazz, ou même Elvis Presley. Certains ne peuvent ni lire, ni voir ou parler, la musique est leur seul lien avec le passé.»
Si les sujets peuvent être banals, la mission n’en est pas moins intéressante, selon lui. «C’est un travail agréable et enrichissant. Tout le monde a une vie intéressante et ils ont assez de mémoire pour raconter une partie de leur vie», soutient-il.
Une quinzaine de minutes plus tard, MM. Sylvestre et Lefebvre arrivent à l’organisme. «Là, il y a un escalier avec 12 marches», dit le retraité au client. Le chauffeur bénévole accompagnera M. Sylvestre jusqu’à ce qu’une animatrice du centre le prenne en charge. «Il faut toujours qu’il y ait quelqu’un avec lui, car il ne sait pas où il est», soutient Jean-Marc Lefebvre.
Deuxième rendez-vous
À peine arrivé à la Société Alzheimer Laval, il repart, direction Saint-Vincent-de-Paul.
«C’est certain qu’il faut aimer conduire. Mais il faut aussi aimer les gens», confie l’homme de 69 ans. Il est 9h30 quand il sonne à la porte de Raymonde Lacasse. Cette artiste peintre fréquente l’organisme cinq fois par semaine. Pour elle, aller là-bas, «c’est des vacances, sinon je m’ennuierais», confie-t-elle. Une fois arrivée, elle souhaite souligner le rôle déterminant des bénévoles au transport. «Sans eux, je devrais rester chez moi.»
Plus qu’un chauffeur
Pour Jean-Marc Lefebvre, sa mission est bien plus que de transporter une personne d’un point A à un point B. C’est aussi et surtout un accompagnement.
«Je fais aussi ça pour le Centre de bénévolat de Laval et quand j’accompagne des personnes à l’hôpital, il faut être débrouillard, connaître le département, attendre la personne. Un bon café et un journal, les indispensables», assure-t-il. Un autre accessoire essentiel dans la vie de ce retraité occupé: un agenda. «Si j’le perds, je suis fait», déclare-t-il, avant de rouler vers son prochain rendez-vous.
De grands besoins
Que ce soit à la Société Alzheimer Laval ou au Centre de bénévolat de Laval, les besoins sont criants.
«Chaque semaine, on doit refuser des clients, car on n’a pas assez de bénévoles sur le transport. Cela peut aller jusqu’à 15 par semaine, mais ce n’est pas régulier», affirme Kathleen Gagnon, directrice générale du Centre de bénévolat de Laval. Une situation confirmée par la directrice de la Société Alzheimer Laval, Lise Lalande. «Nous sommes constamment à la recherche de chauffeurs», assure-t-elle.
Des besoins qui sont difficilement comblés, par méconnaissance selon le bénévole Jean-Marc Lefebvre. «Les gens ne connaissent pas la maladie, ils ont peur et sont craintifs. Il faut enlever les préjugés face à l’accompagnement des personnes âgées. C’est un travail passionnant», réitère-t-il.