Les écrivaines Felicia Mihali et Cristina Montescu se sont entretenues avec Danielle Shelton, directrice générale de la Société littéraire de Laval (SLL), qui animait un café littéraire interculturel le 17 janvier.
Ce sont environ 25 personnes qui étaient réunies à la bibliothèque Multiculturelle de Chomedey pour assister à l’événement littéraire.
Le concept du café littéraire: réunir des passionnés de lecture au même endroit. Pour l’occasion, ce sont deux autrices d’origine roumaine qui prenaient la parole.
Toutes deux publiées aux Éditions Hashtag, dont la fondatrice et présidente est d’ailleurs Mme Mihali, elles ont eu l’opportunité d’échanger sur leurs deux plus récentes publications.
On parle ici du roman La bigame, signé pour Felicia Mihali et de l’œuvre La ballade des matrices solitaires, premier roman de Cristina Montescu, une habituée des recueils de poésie et nouvelles.
Le processus de création ainsi que les liens interculturels qu’elles entretiennent et qui les inspirent ont aussi été abordés au cours de la soirée.
«Comme écrivains, on met toujours quelque chose de nous-même dans nos personnages»
–Felicia Mihali, autrice, éditrice et enseignante lavalloise
La ballade des matrices solitaires
Et si la féminité était un personnage à part entière? Voici l’idée exploitée par l’œuvre de Cristina Montescu.
Quatre femmes se rencontrent dans une épicerie roumaine à travers les yeux de la caissière Ariana, immigrante roumaine de deuxième génération. Les protagonistes s’interrogent alors sur la source du bonheur, ainsi que la maternité.
«Je crois qu’Ariana, ce qu’elle souhaitait lorsqu’elle était petite, c’était de devenir un livre, explique Mme Montescu. Parce que c’était la seule manière d’attirer l’attention de son père. Au départ, elle voudrait faire plaisir à ce père qui lui échappe, mais ensuite, elle découvre qu’elle a beaucoup plus de questions à se poser. Elle se sent étrangère dans sa maison et veut comprendre pourquoi.»
Avec ce premier roman, l’autrice explore des narratrices très peu conventionnelles, comme son personnage Anna Maria. Cette dernière est stérile et vit chaque échec d’insémination artificielle comme un avortement, un deuil. Sans partenaire ni enfant, elle se confie à son journal et prête voix aux objets qui l’entourent et lui tiennent compagnie.
La bigame
La dixième œuvre de Felicia Mihali invoque les thèmes d’identité, de tradition, d’exil et de déracinement. On y suit les aventures d’une femme immigrante d’origine roumaine s’installant à Montréal avec son mari.
L’acclimatation est difficile et résulte finalement en un va-et-vient entre deux hommes et deux maisons représentant le passé et l’avenir.
En prenant la décision de divorcer, le personnage principal perd le soutien de toute sa communauté et peine à définir sa nouvelle identité de Québécoise.
«On quitte un pays, mais le pays ne nous quitte jamais, raconte l’autrice et éditrice. L’ancien pays nous suit toujours. Il est dans tout ce que l’on vit et ce que l’on fait.»