Le bureau du syndic de l’OIQ avait le mandat d’ouvrir des enquêtes pour formuler des plaintes auprès d’ingénieurs au conseil de discipline de l’Ordre. Les dossiers ont été fermés en 2013 et 2014.
Chantal Michaud, syndic de l’OIQ, indique que l’ensemble des enquêtes sur le viaduc lavallois était d’une extrême complexité, étant donné que la conception de la structure remontait au milieu des années 1960.
«Il fallait tenir compte du moment où il y a eu la conception, la construction et des périodes de réparation, laisse-t-il savoir. Nous devions ensuite faire la démonstration, monter une preuve et aller devant un conseil de discipline, qui est l’équivalent d’un tribunal criminel».
Le bureau du syndic n’a pas été en mesure de démontrer, avec une preuve étoffée, qu’il y a eu une faute professionnelle, selon les règles de construction de l’époque.
«À cette époque-là, les ingénieurs étaient encore à la règle à calcul, avant la calculatrice, explique M. Michaud. Les plans, dont ceux du viaduc de la Concorde, étaient faits sur de grandes feuilles à l’encre. On était à une période où les normes de construction, les matériaux et les technologies, bref, toute la science de l’ingénierie et de la construction, étaient complètement différentes aujourd’hui.»
Ingénieurs âgés ou décédés
Pendant ces huit années, des dizaines d’entrevues ont été faites avec des témoins et des milliers de pages ont été examinées, sans toutefois pouvoir avoir accès à l’entièreté des dossiers. Certains ingénieurs de l’époque étaient soit trop âgés, soit décédés, ce qui a compliqué davantage la situation.
Les étapes de suivi d’un chantier, dans les années 1960, ne se faisaient quasiment pas, de dire M. Michaud. Les ingénieurs du viaduc de la Concorde sont, par la suite, passés à d’autres dossiers. L’ouvrage est alors devenu la propriété du ministère des Transports, qui lui, devait assurer l’entretien de l’aménagement au fil du temps.
Par ailleurs, la majorité des recommandations que l’OIQ a émises à la commission Johnson ont été retenues dans le rapport final du gouvernement, déposé en octobre 2007.
Plainte mineure
Un seul dossier d’enquête est resté ouvert. Il concerne un ingénieur impliqué dans les réfections du viaduc de la Concorde, en 1992, et qui fait l’objet d’une plainte disciplinaire mineure. Cette dernière ne porte pas sur son travail, mais plutôt sur sa collaboration à l’enquête avec le bureau du syndic. «Au moment où on a eu à bâtir nos dossiers, nous n’avons pas eu la collaboration que nous sommes en droit de s’attendre de la part d’un professionnel membre de l’Ordre des ingénieurs», ajoute Chantal Michaud.
L’audition de la plainte envers l’ingénieur aura lieu le 27 août au conseil de discipline de l’OIQ. Les détails qui lui sont reprochés seront présentés. Il aurait dérogé à deux articles du Code des professions.