Auteur de cette proposition, qui fut battue à 16 voix contre 4, le conseiller de l’opposition, Michel Trottier, juge inapproprié que des élus municipaux prennent ouvertement position en faveur d’un candidat à une élection.
Il en a appelé au devoir de réserve, rappelant qu’au lendemain des élections tous les conseillers municipaux auront à collaborer avec les députés élus.
«Corrigeons le tir et soyons discrets pour le reste de la campagne», a-t-il lancé avant le vote.
Quant au maire Demers, il a défendu l’impartialité de sa formation politique en vue des élections fédérales, assurant que le Mouvement lavallois n’a jamais appuyé un candidat ni aucun parti.
Les faits
À la mi-juin, le vice-président du comité exécutif, David De Cotis, et deux collègues du conseil, Vasilios Karidogiannis et Paolo Galati, assistent à l’inauguration du local électoral de Roland Dick, candidat conservateur dans le comté de l’ouest de l’île et proche collaborateur du Mouvement lavallois lors des dernières élections municipales.
Pouce en l’air et macaron promotionnel à la boutonnière, tous quatre se prêtent à une photo, qui se retrouve dans les pages et sur le site du Laval News.
Un ami
M. De Cotis fait valoir qu’il y était à titre personnel: «C’est un ami. Je n’appuie pas le Parti conservateur, mais un candidat qui est un ami. Je ne fais pas de porte-à-porte avec lui. J’étais là comme invité.»
Cela dit, il affirme que s’il recevait une invitation semblable du député néodémocrate de Laval-Les Îles, François Pilon, ou de tout autre candidat du comté, il l’accepterait volontiers.
Rien de grave
À première vue, la spécialiste des politiques publiques et des questions d’éthique, Danielle Pilette, n’y voit «rien de grave».
«Je ne pense pas qu’en soi, le comportement soit vraiment fautif, mais peut-être qu’il manque un petit peu de prudence dans le cas du vice-président [du comité exécutif]» mentionne-t-elle.
La professeure associée du Département d’études urbaines et touristiques à l’UQAM met toutefois en garde les élus de ne pas se retrancher derrière l’argumentaire de la vie privée.
«On ne doit pas avoir recours à cet argument usé à la corde et utilisé dans beaucoup trop de situations qui, elles, sont plus graves», note Mme Pilette.
Liberté de conscience
Au cabinet du maire, on soutient qu’il n’y a aucune ligne de parti imposée aux conseillers du Mouvement lavallois à l’égard de la prochaine campagne fédérale.
«En tant que premier magistrat, Marc Demers s’astreint à un devoir de réserve total et complet, mais laisse aux élus la pleine liberté de conscience et de parole», explique le porte-parole, François Brochu.
Il termine en rappelant que le Mouvement lavallois est un «parti arc-en-ciel», dont les membres proviennent de toutes allégeances politiques.