Dur retour de vacances pour Aldo Coviello, le promoteur derrière le projet des deux tours jumelles de 28 étages sur le site de l’ancienne marina Commodore, à Pont-Viau.
«Pourquoi arrêter mon projet; de quel droit ?», questionne l’homme d’affaires, en apprenant l’engagement de la mairesse à ne pas délivrer de permis de construction d’ici les élections du 3 novembre pour les projets immobiliers controversés du boulevard Lévesque.
Projet évalué à 160 M$, Commodore sur la marina est au nombre de ces tours d’habitation visées par une pétition de 1590 signatures déposée à l’hôtel de ville, demandant la suspension et la révision des projets.
Le président d’Aldo Construction affirme être parfaitement en règle et s’attend à obtenir son permis «assez rapidement», lui qui projette mettre une première tour en chantier à l’automne.
En zone constructible
À cet égard, il dément avec véhémence ses détracteurs, qui prétendent que le site est en zone inondable.
«Les cotes de crue 20 ans et centenaire 2005 n’entrent pas en conflit avec les bâtiments projetés», assure sa firme d’arpenteurs-géomètres Jodoin Lareau, en se rapportant aux plans de Geiger Huot Architectes, datés du 22 novembre 2012.
Impossible pour le moment de valider l’information auprès de la Direction régionale du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, quiest saisie denotre demande depuis le 31 juillet.
M. Coviello répète que son projet est non seulement conforme au zonage en vigueur, mais qu’il a également été avalisé par le comité exécutif à l’époque de l’administration Vaillancourt.
«Le zonage a été changé pour tout le secteur et non pas seulement pour moi et deux autres promoteurs», martèle-t-il, en évoquant un long corridor de trois kilomètres dans l’axe de la station de métro Cartier, en bordure duquel un Plan particulier d’urbanisme visant la densification n’impose aucune limite quant à la hauteur des bâtiments.
Demande de permis
Aldo Coviello trouve injuste que les développeurs fassent les frais des dérapages politiques et administratifs qui paralysent la Ville depuis plusieurs mois, estime-t-il.
«La demande de permis a été faite depuis longtemps», dit-il, étayant son affirmation d’un état de compte émanant du Service de l’urbanisme de la Ville, daté du 19 juillet 2012.
Ce document indique toutefois que des frais de 85 355 $, liés à la demande de permis pour une première tour de 164 logements, sont «à payer» pour le 12 octobre 2012.
Si la note demeure à ce jour impayée, se défend le promoteur, c’est en raison d’un problème de communication entre le directeur du Service de l’urbanisme et la direction générale relativement à un échange de terrain lié aux frais de parc.
Bref, M. Coviello est déterminé à faire respecter ses droits et n’hésitera pas, s’il le faut, à recourir aux tribunaux.
Assemblée publique
Quant à l’assemblée d’information que la Ville tiendra, le 22 août, à l’intention des membres du Mouvement «Pas de tours dans ma cour», Aldo Coviello espère qu’on pensera à le convoquer.
Ce dernier a tenu à préciser que son projet doit s’ériger face à la pépinière Saint-Gilles et à l’ancienne station-service, dégageant ainsi la vue sur la rivière aux occupants des blocs appartements au nord du boulevard Lévesque, alors que la future marina s’élèvera là où est implanté le bureau des ventes du projet.
Au moment de mettre sous presse, les dirigeants du projet Les Condominiums L’Envol, une tour de 18 étages et de 126 condos qui prendrait racine de l’autre côté de la rue, n’avait pas retourné notre appel.
Du côté du 222, Lévesque, qui prévoit une tour de 9 étages, le bureau devait rouvrir aujourd’hui, au terme d’une pause estivale de trois semaines.
Engagement de la mairesse
«Je ne sais pas si les tours sont en zone inondable, mais ce que je peux vous dire c’est que ce dossier-là est loin d’être réglé, on s’entend, et que tant que je serai à la mairie, soit jusqu’au 3 novembre, je n’ai pas l’intention que des permis soient émis. Nous allons prendre les prochains mois pour étudier en profondeur la situation, s’assurer que personne n’a été floué. Il faut prendre le temps qu’il faut pour voir comment ça s’est fait, revoir l’historique du dossier.»
Voilà ce qu’a déclaré la mairesse intérimaire de Laval, Martine Beaugrand, à un membre du mouvement «Pas de tours dans ma cour», qui l’interpellait sur la légitimité d’importants projets immobiliers au pourtour de l’ancienne marina Commodore du boulevard Lévesque, à Pont-Viau.
L’échange a eu lieu à la dernièr séance du conseil de ville, le 5 août.