Saisi du dossier en mai, le conseiller du district Ste-Rose, Denis Robillard, n’était pas en mesure d’en révéler les détails mercredi. «Actuellement, le Contentieux [de Ville de Laval] en est à monter la preuve, a-t-il laissé savoir. Si le dossier est « judiciarisé », c’est qu’il y a matière à recours légal.» «On enlève la terre, on la tamise. On est locataires», a indiqué laconiquement Martin Vanier, un des administrateurs de l’entreprise Gaétan Vanier excavation. Le propriétaire, un dénommé Tassoni, planifierait un développement résidentiel à cet endroit, dans un avenir rapproché, affirme M. Vanier.
L’information n’a pu être confirmée par Ville de Laval. «En regardant vers le nord du bois de l’Équerre, on voit bien que le développement s’en vient vers le sud», a fait remarquer M. Robillard. Le zonage résidentiel, dans le secteur, permet d’ailleurs cet usage.
Pas la première fois
Les Tassoni n’ont pas un dossier sans tache à la municipalité. En mars 2005, ils recevaient tous deux une mise en demeure de la firme d’avocats Allaire et Associés, mandatée par la Ville, pour avoir fait aménager des terrains et procédé à l’abattage d’arbres sans permis.
L’exécution des travaux, qui avaient lieu cette fois un peu plus à l’est, vers le rang de l’Équerre, avaient été exécutés en partie dans des milieux humides. L’infraction leur avait valu un avis du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, émis le 22 février 2005.
L’entreprise d’excavation qui mène des activités sur le terrain Tassoni a quant à elle participé au remblai illégal de l’île Locas, il y a quelques semaines. Fait qu’on a nié, chez Gaétan Vanier excavation. Un cliché pris par le photographe du Courrier Laval le 27 septembre dernier, permet pourtant de lire le nom de la compagnie sur un camion qui décharge sur l’île.
Plus de qualité de vie
Depuis mai dernier, les appels à la Ville de Maurice Perron ont débouché sur du vide. «La Ville nous dit d’appeler la police. Peu après, quelqu’un vient nettoyer un peu.»
Avec le temps, le décapage de la terre a passablement transformé le paysage. La ferme de M. Perron, située à la lisière nord du bois de l’Équerre, donne désormais sur un panorama composé de machinerie lourde qui stationne devant sa propriété.
L’accès à l’impasse du chemin de l’Équerre, à partir de laquelle M. Perron avait coutume de pénétrer dans le boisé, est dorénavant bloqué chaque soir par l’entrepreneur. «Les trails du bois de l’Équerre, c’est moi qui les ai faites!» Derrière ces blocs, la machinerie se blottit maintenant à l’ombre d’impressionnantes montagnes de terre. «Ça fait 28 ans que je suis ici. Maintenant, je n’ai plus d’existence, je n’ai plus de qualité de vie», dit Maurice Perron. Au-delà du bruit et de la poussière, le sentiment d’être un agriculteur enclavé, isolé dans une zone de futur développement s’installe. «En les laissant faire, ils vont dire qu’ils ont un droit acquis.» À la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ), on confirme l’impression de M. Perron. Trois ou quatre propriétés sont en zone agricole, «mais en général, on est en zone blanche» dans ce secteur, explique Clément Desrosiers, de la CPTAQ.
Quant au bois de l’Équerre, «Laval en a fait une priorité», affirme le conseiller Denis Robillard. Selon lui, le tracé du prolongement du boulevard Industriel est actuellement révisé, afin que le développement du parc industriel se complète en assurant la protection du boisé.
Photo: stationnement