À la fin avril, l’escrimeur Farès Arfa s’est classé 27e au Grand Prix de sabre de Séoul. Un sommet pour lui en Grand Prix.
Au-delà de son parcours qui s’est arrêté en ronde des 32, on note que celui qui l’a défait 15-13, est le numéro un mondial et éventuel médaillé d’argent en Corée du Sud, le Géorgien Sandro Bazadze.
Même si le Lavallois aurait évidemment aimé accrocher cette grosse pointure à son tableau de chasse, sa prestation confirme qu’il continue à faire sa place dans l’élite mondiale.
Portrait d’un escrimeur en constante progression.
Pression et gestion du risque
À peine 24 heures s’étaient écoulées après la fin du tournoi qu’Arfa était déjà de retour au Québec. Encore sous les effets du décalage horaire, le sabreur a informé Sportcom qu’il s’était pris un café afin d’être bien éveillé pour l’entrevue.
Rien de trop caféiné dans ses réponses par contre. Le ton est calme, posé et c’est de façon détaillée que l’athlète explique comment il s’est rendu au 29e rang du classement mondial, puis ce qu’il compte faire pour participer à ses premiers Jeux olympiques dans un peu plus d’un an.
Sa défaite contre Sandro Bazadze lui trottait encore dans la tête au moment de l’entretien. Le match a été serré, sauf que le Lavallois avoue qu’il a «craqué dans la tactique» alors qu’il tirait de l’arrière 14-13.
«Je l’avais mis sur les talons et j’avais le contrôle du rythme pour ensuite essayer de forcer les choses, explique-t-il. Même s’il était en avance, c’est lui qui avait le plus de pression et au lieu de le laisser prendre le risque, c’est moi qui l’ai pris. Et ça n’a pas payé.»
Bazadze est reconnu pour exceller lorsque la marque est à 14 partout ajoute Arfa. Pour preuve, le Géorgien a remporté deux matchs à 15-14 et un à 15-13 dans la capitale sud-coréenne. Et sa seule défaite, en finale aux mains du Sud-Coréen Sanguk Oh, s’est conclue par la marque de 15-14.
«Je suis quand même satisfait du match. Ça montre que dans l’avenir, même les meilleurs ne sont pas à l’abri et que je peux aller les chercher. […] Ça me permet de vraiment comprendre qu’il n’y a pas juste moi qui sens la pression quand le match est serré. Cette pression, je peux la faire sentir aussi aux gars qui sont mieux classés», poursuit celui qui avait signé une 16e place aux Championnats du monde de l’an dernier.
Au fil des ans, sa progression a été constante, sans être fulgurante comme il le confirme. À 28 ans, il sent maintenant qu’il est arrivé à maturité, d’autant plus que la fenêtre de performance optimale dans son sport se situe entre 27 et 31 ans selon lui.
«Ç’a été graduel et là, j’arrive dans la période où je suis à mon top pour performer et comprendre comment je gagne mes matchs, poursuit-il. L’escrime, c’est un sport de combat, mais aussi très spécifique côté technique et tactique.»
C’est ce mélange de maturité et d’expérience qui lui permet aussi de rapidement tirer des leçons au lieu de seulement ruminer l’échec d’une défaite.
«Il ne faut pas surestimer les gens non plus, croit-il. J’ai mes forces et il [Bazadze] a les siennes. Ce qui est important, c’est que je le fasse jouer dans mes forces à moi. En étant premier au monde, lui, il sait comment faire jouer ses adversaires dans ses forces à lui. À la fin, c’est une bataille de volonté pour voir qui est capable de pousser l’autre à faire ce qu’il veut faire.»
Billet olympique
Le chemin vers une qualification olympique passera obligatoirement par Lima, au Pérou, dans le cadre des championnats panaméricains, du 16 au 20 juin. Si Arfa veut maximiser ses chances, il devra finir sur le podium au tournoi individuel afin de surpasser ses points obtenus après sa cinquième place de l’an dernier.
À la compétition par équipe de ce tournoi, devancer les Américains sera l’objectif de l’équipe canadienne.
Les Championnats du monde de Milan, en juillet, seront l’autre étape importante du processus de qualification olympique qui prendra fin en avril 2024.
D’ici là, le bachelier en marketing et finances à HEC Montréal continuera à mettre tout en œuvre pour donner un coup d’accélérateur à sa carrière sportive, quitte à ce que sa carrière professionnelle se fasse à temps partiel jusqu’aux Jeux de Paris. (N.P.)