Le directeur général de la Société de transport de Laval (STL), Guy Picard, s’explique mal le rejet de la proposition d’arbitrage par le Syndicat des chauffeurs d’autobus de Laval, le 11 février dernier.
Après 34 séance de travail dont 10 en présence d’un médiateur et 5 jours de grève exercés l’automne dernier, cette option s’avérait aux yeux de la direction le meilleur moyen pour débloquer l’impasse, en arriver à un règlement avec ses chauffeurs et ainsi renouveler leur contrat de travail, échu depuis le 31 juillet 2019.
«S’ils ne veulent pas aller en arbitrage, qu’est-ce qu’ils proposent ? Est-ce qu’ils veulent nous revenir avec une autre offre? La balle est dans leur camp», indiquait M. Picard en entrevue au Courrier Laval, le 23 février. Aucune rencontre n’était prévue au calendrier.
Nos demandes d’entrevue avec le président syndical Patrick Lafleur sont demeurées sans réponse.
Monétaire
Si le «normatif» ne pose plus problème, les négociations achoppent sur les clauses monétaires, «l’offre finale» de l’Employeur ayant été rejetée par la partie syndicale.
«Je ne donnerai pas de chiffres», affirme le patron de la STL questionné sur l’offre patronale en matière d’hausses salariales annuelles, faisant valoir «la règle qu’on ne négocie pas ailleurs qu’à la table de négociation».
Selon un chauffeur qui demandait à ce que l’on taise son nom, l’offre sur la table serait de l’ordre de 2 % par année.
Incidemment, cela correspondrait à ce que la direction de la STL a consenti aux Syndicats des employés d’entretien et des employés de bureau lors du renouvellement de leur convention collective respective en janvier et février 2021. L’augmentation de salaire annuelle de 2 % était rétroactive pour les exercices débutant au 1er août 2019 et 2020 et s’appliquait pour l’année 2021-2022.
Budget restreint
Au cours de l’entretien, M. Picard a évoqué un contexte budgétaire restreint.
Pour l’année en cours, par exemple, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a limité à 2 % l’augmentation du budget global de la STL, alors que l’augmentation réelle, selon la direction, serait plutôt de 4,6 % en tenant compte de l’indexation des salaires, des biens et services et de l’offre de service.
«On doit puiser dans nos surplus accumulés au cours des années pour équilibrer notre budget; on peut faire ça un certain temps parce qu’on est en crise, mais ce n’est pas une solution permanente», plaide le patron de la STL qui recevra une aide additionnelle de la Ville de Laval, laquelle finance déjà plus de 50 % d’un budget annuel de 176,7 M$.
Le gouvernement provincial a eu beau injecter 1,4 milliard de dollars dans les sociétés de transport public pour éponger les pertes de revenus encourues pendant la pandémie, ce fut nettement insuffisant, poursuit celui qui chiffre à plus de 200 M$ le manque à gagner à l’ARTM en 2022.
«Au pire de la crise, on a perdu 85 % de notre achalandage, rappelle Guy Picard, ajoutant qu’au cours des 5 premiers mois la STL n’a touché aucun frais de passage puisque par mesure préventive pour les chauffeurs, la clientèle entrait et sortait directement par la porte arrière des autobus.
Deux ans plus tard, au sortir d’une 5e vague de COVID-19, la STL se situe autour de 54 % du niveau d’achalandage d’avant-pandémie, poursuit le principal intéressé. «On ne peut pas déroger de notre cadre financier», termine M. Picard, affirmant que seul un arbitre pourrait dénouer l’impasse dans les négociations avec le Syndicat des chauffeurs.
Version syndicale
Dans un communiqué publié le 10 février, le Syndicat des chauffeurs d’autobus de Laval déplore des «offres salariales insuffisantes faites par la STL, lesquelles, dans un contexte inflationniste, appauvriront assurément les membres», pouvait-on y lire.
Également, l’organisation syndicale disait accueillir «avec grande déception» le refus du maire Stéphane Boyer de les rencontrer, ce dernier refusant de s’ingérer dans les négociations patronales-syndicales.
Sans contrat de travail depuis juillet 2019, les 635 chauffeurs et chauffeuses souhaitent toujours en arriver à une entente négociée avec l’employeur.
À la STL, un chauffeur atteint un salaire annuel moyen d’environ 80 000 $ après trois années de service, alors que le salaire à l’entrée s’élève à quelque 56 000 $. À cela s’ajoute un régime de retraite à prestations déterminées ainsi que de généreux avantages sociaux, précise la direction.
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