Ne cherchez pas le Bois du Trait-Carré dans les documents officiels qui guideront la mise en œuvre de la Trame verte et bleue ces 15 prochaines années à Laval!
Acquis l’an dernier au coût de 27,7 M$ par voie d’expropriation, ce boisé situé en plein cœur du centre-ville ne figure nulle part dans les 520 pages que totalisent les 3 plans directeurs dont la Ville s’est dotée ce mois-ci.
«Quand j’ai constaté l’absence totale de notre boisé, j’ai été surprise, choquée et surtout très déçue pour les citoyens de Laval-des-Rapides», déplore la conseillère municipale du secteur, Isabella Tassoni, dans un communiqué publié le 17 septembre.
La représentante du parti Action Laval interpelle l’administration de Marc Demers et sa conseillère Virginie Dufour, responsable des dossiers environnementaux, à qui elle demande de «rectifier la situation et d’ajouter le boisé à la Trame».
Par ailleurs, Mme Tassoni dénonce le fait que cette oasis de fraîcheur soit laissée «à l’abandon», ajoutant au passage que «la préservation de ce boisé est une initiative citoyenne, ce n’est pas le projet d’Isabella, mais de tout le monde».
Explication
Au cabinet du maire, on informe que Mme Dufour a personnellement répondu, la veille, à l’appel de Mme Tassoni.
D’emblée, le porte-parole Robert-Charles Longpré précise que les plans directeurs dressent «les grandes idées maîtresses qui vont diriger et encadrer les actions de la Ville au cours des 15 prochaines années» et le fait de ne pas y trouver le nom du Bois du Trait-Carré «ne veut pas dire qu’il n’est pas dans les plans de la Ville ou, encore, que la Ville ne veut pas s’en occuper».
Cela dit, le Plan de conservation et de mise en valeur des milieux naturels, adopté le 1er septembre, n’en identifie pas moins 22 bois d’intérêt et 16 zones d’aménagement écologique particulières (ZAEP) situées dans le périmètre d’urbanisation.
Quant au Plan directeur des parcs et des espaces publics, il prévoit notamment «protéger et mettre en valeur le bois Armand‐Frappier et le bois du Souvenir», lesquels espaces verts voisinent avec le Bois du Trait-Carré.
Consultations
Les 12 hectares boisés et en friche enclavés entre les boulevards de L’Avenir, Laval, Saint-Martin et Du Souvenir seront «conservés pour des fins de parcs et de verdissement», affirme-t-on au cabinet du maire.
«En accord avec les approches mentionnées dans les plans directeurs, on en fera un inventaire complet et on planifiera son aménagement à la suite de consultations publiques faites avec les citoyens», poursuit-on dans un échange de courriels.
Rappel des faits
On se rappellera qu’en 2018, le Bois du Trait-Carré avait fait couler beaucoup d’encre.
Au départ, la volonté de l’administration Demers était de préserver 5 des 12 hectares à des fins de parc et d’espaces verts et céder les 7 hectares restants au Groupe immobilier FTQ en compensation de l’expropriation que celui-ci avait subie en 2013 pour construire la Place Bell.
Cela avait suscité un vif débat dans la communauté et un bras de fer avec les groupes environnementaux qui étaient montés aux barricades. Ceux-ci, qui réclamaient la sauvegarde intégrale de cet îlot de fraîcheur au cœur d’un centre-ville fortement minéralisé, allait obtenir gain de cause à la séance du conseil du 7 août 2018.
Ce soir-là, en pleine crise politique qui divisait le caucus du parti au pouvoir et reléguait le maire Marc Demers au rang de minoritaire, le conseil municipal avait tranché à 12 voix contre 8 en faveur de la préservation du boisé dans son intégralité.