Si l’avis de proposition de Parti Laval en faveur du maintien en poste des commissaires scolaires a su rallier les élus des deux oppositions, la motion a été battue au final 13 voix contre 7 à la séance du conseil municipal de janvier.
La discussion avait d’abord été lancée à la période de questions citoyenne après que la présidente de la Commission scolaire de Laval (CSDL), Louise Lortie, eut interpellé pour une seconde fois en autant d’assemblées les élus municipaux.
D’entrée de jeu, elle a déclaré ne pas parler pour ses 17 collègues siégeant au conseil des commissaires, mais bien «au nom des 120 854 électeurs lavallois, soit 76 % des personnes ayant exercé leur droit de vote aux dernières élections provinciales [à la faveur] des partis politiques qui avaient dans leur programme électoral le maintien des élus et des commissions scolaires». Mme Lortie a terminé son intervention en demandant au conseil s’il voulait continuer à collaborer avec les élus scolaires pour les prochaines années.
«La question n’est pas à savoir si on est pour ou contre [les commissions scolaires], mais si on fait confiance à la démarche que le gouvernement est en train de faire, a réagi le maire Marc Demers. Le gouvernement croit qu’il est dans l’intérêt des enfants de faire une réforme des commissions scolaires et il a été élu avec une très, très forte majorité».
Cela dit, M. Demers a insisté pour dire que son administration a «toujours travaillé en collégialité» avec la CSDL. Il en a donné pour preuve «l’entente qualifiée d’historique» intervenue entre les deux organisations au cours de son premier mandat.
Pas la place
En toute fin d’assemblée, avant de prendre le vote sur la motion déposée par le chef de l’opposition officielle, Michel Trottier, les conseillers de Laval-les Îles et Sainte-Dorothée, Nicholas Borne et Ray Khalil, ont repris l’argument que leur chef Marc Demers avait servi en décembre dernier aux élus scolaires venus défendre leur cause au conseil municipal.
«Je refuse de faire le débat sur la démocratie scolaire au conseil. Je ne crois pas que c’est la place. Ça appartient à la commission parlementaire, à l’Assemblée nationale», a indiqué M. Borne non sans avoir salué d’emblée «le travail et la passion qui anime» les commissaires scolaires.
«Je ne m’oppose pas aux commissaires, mais à en débattre ici», a aussi conclu M. Khalil qui siège au comité exécutif. Selon lui, la motion aurait dû plutôt être à l’effet d’«inviter les deux parties à s’asseoir ensemble, à parler et trouver un terrain d’entente».
Avant tout, il avait pris soin de mentionner ne pas douter de «la qualité et du dévouement des commissaires scolaires», puis souligné qu’avant d’être élue majoritairement, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait «martelé pendant des années vouloir abolir les commissions scolaires. C’est complètement légitime de leur part de vouloir combler cette promesse».
Coleader de la seconde opposition, David De Cotis a quant à lui appelé ses collègues à faire preuve de «courage politique», leur rappelant au passage que le programme de la CAQ avait été rejeté dans cinq des six comtés de Laval au scrutin de 2018.
Vote symbolique
Dernier à prendre la parole avant le vote, Michel Trottier a défendu la légitimité de sa motion, évoquant les prises de position du conseil municipal ces dernières années sur des questions de juridiction provinciale et fédérale, tels les compteurs intelligents d’Hydro-Québec, le projet d’oléoduc Énergie Est et la retrait de la distribution du courrier à domicile par Postes Canada.
«On s’est adressés à des gouvernements en disant: « Heille, c’est pas correct ce que vous faites! »» a-t-il fait valoir.
Pour le projet de loi 40 modifiant l’organisation et la gouvernance scolaires, M. Trottier est d’avis que le gouvernement coupe les coins ronds. «Il y a d’autres dossiers où il sont allés vite et ont été obligés de reculer […] C’est juste de dire qu’à Laval, ça va bien avec nos élus [scolaires], il y a une belle collaboration et on croit qu’il est important de les maintenir».
Surprise
La présidente de la CSDL s’est dite «surprise» par le résultat du vote, considérant que les commentaires entendus étaient tous positifs à l’égard du travail et l’implication de ses collègues.
«Malgré ça, on refuse d’exprimer l’importance de maintenir des commissaires scolaires élus comme l’ont faites Montréal, Terrebonne, Mascouche et plusieurs MRC [Municipalités régionales de comté]» a déploré Louise Lortie en entrevue au Courrier Laval.
Sans dire ouvertement que le vote fut teinté de partisanerie, elle estime que toute la question entourant la gouvernance scolaire doit transcender les partis politiques.
Rappelons que les 13 élus du Mouvement lavallois ont rejeté en bloc la motion déposée par le Parti Laval, pendant que les 7 conseillers d’opposition prenant part au vote se prononçaient en faveur. Seul Paolo Galati, conseiller municipal d’Action Laval, s’est abstenu, lui qui préside aux destinées de la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier (CSSWL).