Un conte de Noël pour enfants par Micheline Duff. C’était l’après-midi de la veille de Noël. Les jumeaux de quatre ans, Éric et Érica, ne tenaient plus en place. Leur mère avait beau leur répéter qu’ils avaient promis au père Noël, lors de leur visite au centre d’achat, de se montrer sages jusqu’à Noël.
Ils ne cessaient de crier, de se disputer et de se battre. Sans doute étaient-ils trop excités par la grande fête qui arrivait.
― Si vous ne vous calmez pas, s’écria la maman sur un ton fâché, je vais téléphoner au père Noël et lui dire que vous ne méritez pas les cadeaux qu’il est censé vous apporter la nuit prochaine. J’en ai assez! Avez-vous compris?
Les deux petits baissèrent la tête et retournèrent s’étendre sur le divan avec leur téléphone magique dans lequel se trouvaient tant d’amusements et de plaisir. Hélas! Éric commença à chatouiller sa sœur avec le bout de son pied et elle se mit à crier comme une perdue.
― Ça suffit, j’ai dit! lança la mère. Lâchez vos cellulaires et faites un casse-tête sur la table de la cuisine. Comme ça, je vais pouvoir vous surveiller.
Les deux enfants s’installèrent donc, mais ce ne fut pas long pour qu’Érica, sans le faire exprès, fasse tomber tous les morceaux qu’avait rassemblés son frère qui, aussitôt, hurla à tue-tête.
― Vous refusez de vous calmer? s’écria maman, c’est bon, je vais régler ça tout de suite.
Elle s’empara de son téléphone et signala immédiatement un numéro.
APPEL AU PÔLE NORD
― Allo, père Noël? Je suis la mère d’Érica et Éric. Oui, oui, les jumeaux qui vous avaient promis de rester sages. Eh bien! Ils n’ont pas tenu leur promesse, alors, ne venez pas leur porter des cadeaux, la nuit prochaine, car ils ne le méritent pas. Quoi?!? Que me dites-vous, père Noël?… Que les biscuits que nous vous avions laissés, l’an dernier, étaient tellement délicieux, que vous ne pourrez pas vous empêcher de revenir en chercher d’autres ici, cette nuit? Et si vous revenez, vous voulez vous régaler encore. Hum! C’est bon, j’ai compris! Nous allons vous en préparer d’autres, c’est d’accord. Au revoir, père Noël.
La femme poussa un long soupir et se tourna vers ses petits qui s’étaient mis à verser des larmes.
― Venez. Le père Noël est prêt à vous pardonner si nous lui fabriquons
des biscuits.
La mère sortit les moules, la farine, le sucre, la crème et les œufs. Malheureusement, Éric renversa la farine par terre tandis qu’Érica cassa les œufs et les jeta dans le mélange sans les séparer de leur coquille.
Finalement, au bout de près de deux heures de ramassage, de nettoyage et de recommencement du travail, ils purent enfin mettre une douzaine de biscuits au four, en poussant un long soupir de soulagement, sous l’œil attentif de leur chat.
Le père Noël viendrait, il aurait ses biscuits et ils recevraient leurs étrennes.
« Ouf! »
RETOUR À LA MAISON
Le soir, lorsque leur père rentra du travail, il n’en revenait pas de constater comme ça sentait bon dans la maison.
― Vous m’affirmez que c’est pour le père Noël, dit-il, mais je ne les lui laisserai pas tous. Moi, j’en veux au moins deux ou trois pour le dessert de ce soir.
― Moi aussi! Moi aussi! s’exclamèrent les enfants.
À la fin du souper, comme chacun en avait dégusté plus d’un,on s’aperçut qu’il ne restait plus que trois biscuits sur la plaque du four. On s’empressa alors de les
déposer dans un joli plateau, sur une petite table près de l’arbre de Noël.
― Ce sera suffisant, affirma à la mère. Avec un grand verre de lait, le bonhomme Noël sera content. Venez, les enfants, on monte en haut prendre notre bain.
VILAIN TOUR
Une demi-heure plus tard, lorsqu’ils redescendirent, les trois biscuits avaient disparu. Quoi? Comment cela? C’est Érica qui, la première, découvrit leur chat caché derrière le divan, le museau encore tout taché de crème.
― Ah! Grisou, méchant coquin! Tu as volé les biscuits du père Noël, hein? Qu’allons-nous faire? Cela signifie, je suppose, que nous n’aurons pas de cadeaux, conclut-elle en se mettant à pleurer.
Maman baissa la tête et resta silencieuse durant un certain temps, afin de réfléchir. Puis, elle se releva et annonça qu’elle écrirait un mot au père Noël pour lui expliquer le grand malheur. Puis elle suggéra aux jumeaux d’exécuter des dessins qu’elle joindrait à sa lettre. Érica dessina des boules de Noël et Éric traça des cristaux de neige sur le papier. On déposa le tout sur la petite table près de la cheminée, et tous montèrent se coucher en se croisant les doigts.
Maman leur expliqua que le père Noël était un homme qui pouvait comprendre les incidents causés par les animaux et même pardonner aux enfants leurs mauvais comportements, à la condition qu’ils décident de ne plus recommencer.
SUSPENSE
Le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, tous descendirent l’escalier pour découvrir, sous l’arbre de Noël, de nombreuses boîtes de toutes les couleurs. Non seulement Éric reçut les patins et le jeu de Lego qu’il avait commandés et Érica, les skis et la poupée dont elle rêvait, mais chacun des petits aperçut, enveloppé dans une boîte cadeau désignée à son nom, un énorme sac rempli de ses biscuits préférés.
Sur une carte, le père Noël avait écrit : « Mes chers enfants, puisque vous n’avez pas pu m’offrir des biscuits, cette année, c’est à mon tour de vous en apporter. J’en ai même donné à votre chat Grisou! »
Dans leur cœur, ils remercièrent le père Noël et se promirent de lui offrir, l’an prochain, un énorme sac complet de biscuits qu’ils auraient fabriqués en entier pour lui.
Étrangement, durant toute la semaine qui suivit la fête de Noël, Éric et Érica devinrent les jumeaux les plus gentils et les plus sages de la terre.
Joyeux Noël à tous!
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