Le résident de Saint-François Emmanuel Carl Cadet a sensibilisé des automobilistes fautifs interceptés lors d’une activité de prévention, le 13 juin, 11 ans après une sortie de route qui a paralysé le côté droit de son corps.
Son objectif principal était de rappeler aux gens l’importance qu’ils ont pour les autres. «Tu ne le sais peut-être pas, mais tu es précieux, rappelait-il aux quelque 67 personnes arrêtées, avec l’aide d’un second accidenté. Si tu subis un accident, des gens souffrent.»
Pendant trois heures, il a discuté avec les conducteurs détournés par le Service de police de Laval (SPL) au stationnement de la caserne 5 du boulevard Marcel-Villeneuve dans un effort coordonné avec les policiers, ambulanciers et pompiers de la région pour réduire la vitesse dans le secteur.
Perdre la voix
De retour d’une répétition de chant, le 9 mai 2008, Emmanuel Carl conduisait sur l’autoroute 440 tard en soirée quand il s’est endormi au volant, près de la sortie Masson. Sa voiture a filé droit sur les barrières métalliques en bord de route.
«Vous avez une femme, un mari, des parents et enfants qui attendent votre retour. S’il vous arrive quelque chose, ils seront les premiers à courir.»
– Emmanuel Carl Cadet, accidenté de la route
Le chanteur de R’N’B devait lancer son premier album le lendemain. Il a plutôt passé 33 jours dans le coma. Par la suite, un médecin lui a annoncé qu’il ne pourrait plus marcher ou parler.
«J’ai refusé le diagnostic, surtout que j’arrivais déjà à produire des sons, se souvient le Lavallois. J’ai décidé que rien ne m’arrêterait.»
Se relever
La réhabilitation n’a pas été de tout repos. Il s’est brisé la hanche lors d’exercices de remise en forme.
«C’est là que j’ai compris l’importance de la famille et des amis, d’ajouter l’artiste. Ils m’ont accompagné dans tout le processus.»
Le moral a été durement touché, le Lavallois ayant pensé au suicide à plusieurs reprises.
«Maintenant, je ris tout le temps, ajoute-t-il. Il n’y a pas personne qui va venir gâcher mes journées. Le plus dur a été d’accepter ma condition. J’ai été danseur et je ne peux plus danser. Il y a beaucoup de choses que je ne peux pas faire seul.»
La sortie de l’album qui devait paraître en 2008 est prévue pour septembre prochain. Une chanson spéciale nommée Le Réveil est inspirée de son expérience traumatique.
Impact
En plus des activités de sensibilisation à Laval et Montréal, Emmanuel Carl a eu un impact dans son entourage immédiat. «Chez nous, plus personne ne se plaint, car ils comprennent qu’il y a pire dans la vie, précise-t-il. Mes neveux sont plus forts.»
Depuis cinq ans, le traumatisé crânien fait des tournées scolaires pour sensibiliser les finissants du secondaire à la prudence derrière le volant. «Souvent, quand je finis, tout le monde pleure, décrit-il. Je ne suis pas là pour ça, mais bien pour faire réaliser la chance d’être ici.»