Pour le jeune Antoine «Robi» Robillard, les troubles d’apprentissage ont été une source de motivation plutôt qu’un obstacle, s’inspirant de ses problèmes pour créer le Rolliii, un système anti-stress semblable au fidget spinner.
Il ne s’agit pas de la toupie à main qui a gagné en popularité en 2017, prévient le Lavallois de 18 ans. «Contrairement à mon produit, les fidget spinners nuisent à la concentration, selon des études.»
Ressemblant à un écrou, le petit appareil s’insère sur un crayon et permet de le faire tourner avec le pouce de façon presque silencieuse. «J’ai le souvenir d’un jeune pour qui les balles de stress n’aidaient pas, raconte le créateur. Il faisait de grosses crises incontrôlables. Mon produit l’a aidé. C’est pour ça que je le fais.»
Il a lui-même pu constater l’efficacité de l’appareil, l’utilisant lors de ses examens en Technologie de systèmes ordinés au cégep Lionel-Groulx.
Depuis son annonce sur la plateforme de financement participatif Kickstarter, le Rolliii a amassé près de 8000 $.
Épreuves
Le parcours scolaire du résident d’Auteuil s’est complexifié très tôt. Non seulement il a reçu le diagnostic d’un trouble du déficit de l’attention (TDAH), mais également d’une dyslexie, dysgraphie et dysorthographie. En d’autres termes, il éprouvait de grandes difficultés en lecture, écriture et orthographe des mots. Il écrivait «au son». «J’épelais maison avec un « z », donne-t-il en exemple. Pourtant, je n’étais pas plus paresseux ou moins motivé que les autres.»
«Je veux que quand on pense à Robiii, on imagine quelque chose qui ne s’est jamais vu.»
–Antoine «Robi» Robillard
Cela a eu un impact sur ses relations avec ses enseignants. «Un de mes professeurs a dit, devant toute la classe: tu devrais te forcer plus, tu fais trop de fautes», se souvient-il.
Si le TDAH a amené son lot d’embûches, il a été déterminant dans le démarrage de son entreprise. «Je suis content d’avoir dû travailler plus fort. Je ne changerais pas cela. Pour moi, les avantages sont plus grands que les inconvénients.»
Autodidacte
Loin de se décourager, l’entrepreneur s’est mis à apprendre par lui-même. Le déclic s’est fait à l’écoute du livre audio Be obsessed or be average, de Grant Cardone. «Je me suis lancé à 100 %, témoigne-t-il. J’ai acheté des centaines de bearings pour étudier le glissement.»
Il y a un an, jugeant sa maîtrise de l’anglais insuffisante, il a cessé toute communication dans sa langue primaire. «Si je ne parlais pas anglais, je ne parlais pas», résume-t-il.
Au total, ce sont plus de 130 œuvres littéraires qu’il a consommé ces dernières années, sur des sujets aussi variés que la vente, psychologie, le langage non-verbal et marketing.
Pour recevoir l’opinion des éducateurs, le jeune homme a consulté ses professeurs pour savoir si le Rolliii pouvait les déranger. Le produit a également été testé sur des jeunes inscrits aux camps de jour où Antoine «Robi» Robillard a travaillé pendant quelques années.
C’est ainsi qu’est né Robiii Inc., nommé ainsi en référence aux trois «i» de l’innovation: idée, innovation et implantation.
Ambition
N’ayant pas froid aux yeux, le jeune créateur vise la présence de sa compagnie dans le Fortune Global 500, une liste des 500 entreprises les plus profitables sur la planète.
Depuis qu’il est jeune, les inventions et créations se bousculent dans sa tête. «Chaque fois que j’ai une nouvelle idée, je la prends en note, peu importe si elle semble stupide de prime abord», commente le Lavallois.
Le plus âgé de quatre enfants, le Lavallois ressent une responsabilité envers ses deux frères et sa sœur. «Je fais attention à mes actions, explique-t-il. C’est plaisant de savoir que je montre le bon exemple.»
Encore à l’étape de la production, le Rolliii devrait être distribué au début du mois d’avril.