Avec une belle réussite, une dizaine d’apprenants en alphabétisation du Jardin de la Famille de Fabreville ont fait fi des préjugés et embûches pour créer un journal offert à l’interne et aux partenaires de l’organisme.
Depuis septembre dernier, ces participants, qui ont une déficience intellectuelle ou un TSA (trouble du spectre de l’autisme), conduisent des entrevues, prennent des photos et écrivent sur des sujets parlant de l’organisme bien connu des familles de l’ouest de l’île Jésus, mais également de lutte à l’analphabétisme, d’éducation à la politique, d’arts, lettres et culture.
Ce sont 10 numéros du Courrier du Jardin qui ont été inscrits au calendrier, les journalistes en herbe recevant le soutien de Myriam Roy, une stagiaire en travail social.
«Avec l’aide de la Société littéraire de Laval et du ministère de l’Éducation du Québec, nous avons mis sur pied ce journal après avoir demandé à nos participants ce qui les intéressait», raconte Nina Salconi, coordonnatrice du projet et formatrice en alphabétisation.
«D’apprendre à écrire sans pression, sans jugement, sans étiquettes et sans les entraves des normes scolaires, dans un environnement tel qu’en groupe d’alpha, ça chemine!»
– Nina Salconi, formatrice
Témoignages
«J’ai un vrai talent en écriture, je déborde souvent d’imagination, d’exprimer Sandra Bradford sur les raisons qui l’ont amenée au projet. J’ai une tête pleine d’idées! Quand ça vient aux entrevues, il n’y a pas de gêne au rendez-vous!»
«Ce projet me permet de rencontrer des gens et m’exprimer quant aux élections et la pauvreté au Québec, de continuer Maria Catsaranis. J’écris souvent sur la mobilisation sociale.»
«J’apprends à découvrir des talents cachés, poursuit Marie-Claude Dagenais. Ce n’est pas ma déficience intellectuelle qui m’empêche de réaliser de beaux projets.»
«Notre formatrice m’a suggéré de m’occuper de l’information éducative puisque j’adore faire des recherches sur Internet, précise Julie Trottier. Je suis donc devenue recherchiste. J’en fais même à la maison tellement j’aime cela! Ça fait huit ans que je suis des cours d’alphabétisation, ce n’est pas mon premier projet d’écriture.»
De son côté, Bobby Lévesque a expliqué comment il s’y prenait pour mener sa rubrique de l’entrevue du mois, pendant Caroline Bussière, responsable de la chronique culinaire, affirmait: «J’adore manger, parler de nourriture et écrire des recettes. Surtout les recettes italiennes.»
Chaque mois, René L’Arrivée témoigne pour sa part de gens provenant d’une culture et d’un pays différents. «Une fois, lors d’une entrevue avec une femme de la République démocratique du Congo, j’ai réellement ressenti une profonde tristesse, même de la colère face à la situation de ce pays», a-t-il révélé encore sous le coup de l’émotion.
Écrivant de la poésie, Nia Guéye a confié s’inspirer de ce qu’il y a autour d’elle, «en observant la nature, l’intensité du regard des gens mais surtout au plus profond de mon cœur».
Quant à Stéphanie Cayer, sa motivation ne laissait aucun doute sur sa nature. «J’aime écrire sur les artistes québécois et parler des spectacles qui ont eu lieu ou qui auront lieu. J’aime aussi m’exprimer devant les gens, malgré ma déficience intellectuelle.»
«À travers la gratification qu’ils retirent de se réaliser tangiblement ainsi qu’à travers la fierté qui se devine sur leur visage, nous pouvons observer à quel point il est essentiel de pouvoir permettre à nos participants de continuer d’apprendre à leur rythme», ajoute Nina Salconi.
Notons que deux autres participants, Alexandre Jodoin et Sophie Rochon, étaient absents de l’événement marquant le succès de cette initiative en alphabétisation.