Acquis par voie d’expropriation, le Bois du Trait-Carré pourrait servir à compenser un préjudice subi en 2013 par le Groupe immobilier FTQ, alors exproprié pour faire place à la Place Bell.
Incidemment, les négociations se poursuivent toujours entre la Ville et la société Immobilière Concorde-Corbusier S.E.C. , dont l’unique commanditaire est le Fonds immobilier de solidarité FTQ, en marge d’une réclamation en dommages «pour perte de profits sur projet non réalisé de 15 M$».
Question citoyenne
L’information a filtré à la période de questions citoyennes du dernier conseil municipal lorsque Louise Labrie, une courtière immobilière, a cherché à savoir pourquoi la Ville expropriait un promoteur immobilier pour refiler une partie de son terrain à un autre développeur.
«J’ai besoin d’explications sur cette transaction d’expropriation et l’intention réelle de la Ville», a-t-elle demandé au maire.
Quant aux intentions à l’égard des 12 hectares du boisé fraîchement acquis au cœur du centre-ville, Mme Labrie a ainsi poursuivi: «Est-ce que c’est d’avoir un grand parc ou si en cours de route ce sera encore modifié pour faire un gros développement résidentiel ou commercial?»
Le maire Demers a fait valoir que la Ville a toujours tenu le même discours: «On va préserver la richesse naturelle du boisé, mais ce qui n’est pas un boisé pourra être vendu ou réapproprié. Ce n’est pas vrai qu’on va garder quelque chose qui n’a aucune valeur écologique.»
Selon un communiqué publié le 10 avril, le Ville prévoit consacrer 5 des 12 hectares du Bois du Trait-Carré aux fins de parcs et d’espaces verts. On parlait alors d’un parc urbain grand comme six terrains de football.
Groupe immobilier FTQ
Comme le premier volet de la question citoyenne est demeuré sans réponse, on a relancé le cabinet du maire pour valider les propos de Louise Labrie à l’effet qu’une partie du terrain serait transféré au Fonds immobilier de solidarité FTQ.
«Ces lots en friche pourraient être cédés au Groupe immobilier FTQ en compensation pour une expropriation antérieure», a reconnu par voie de courriel la directrice des communications au cabinet, Valérie Sauvé.
Elle ajoute que le tout se fait «au bénéfice des citoyens puisque la transaction nous permet de créer un parc d’envergure au centre-ville, mais en même temps règle un autre litige financièrement avantageux pour la Ville.»
Coût des expropriations
On apprenait le mois dernier que la Ville a versé une indemnité provisionnelle d’expropriation de 14 M$ à la suite de l’acquisition, l’été dernier, du bois Trait-Carré.
Selon nos informations, l’exproprié, Yale Properties, qui conteste l’offre de la Ville en exigerait 18 M$. La cause sera entendue ultérieurement par le Tribunal administratif du Québec.
Quant à l’expropriation du Groupe Immobilier FTQ complétée à l’hiver 2013, le litige entourant l’indemnité immobilière s’est réglé trois ans plus tard à la faveur d’un montant de 11,7 M$. Cette somme représente 6,8 M$ de plus que l’offre initiale déposée par la Ville à l’automne 2012.
On comprend qu’il s’agissait d’un accord partiel, puisque les négociations se poursuivent toujours entre les parties pour compenser la perte de profits estimée à 15 M$ par l’exproprié, qui a dû renoncer à des projets commerciaux qu’il destinait à ce terrain de 300 000 pieds carrés qu’occupe aujourd’hui la Place Bell.