Esther, 52 ans, et Danielle, 56 ans, qui enseignent depuis plus de 25 ans à l’école primaire Val-des-Arbres sont inséparables. Les fidèles complices se qualifient d’ailleurs de vieux couple.
«Nous sommes des femmes de projets, mentionnent-elles. Nous nous respectons énormément et proposons constamment des idées. On avait six ou sept ans et nous voulions devenir professeures.
«On veut faire prendre conscience aux jeunes par nos projets qu’ils sont chanceux, enchaînent-elles. Nos projets crées un impact positif sur nos élèves, qui sont issus pour la plupart de familles bien nanties.»
Avec les nombreux projets, Arbre de joie, popote pour les gens défavorisés (Petits gourmets dans ma cour), papillons, voyage, théâtre, course à pied, etc., les deux enseignantes ont développé des liens d’amitié avec les parents et les enfants, devenus adultes.
«Avant d’enseigner, il faut créer un lien de confiance avec les enfants. Nous sommes des femmes de cœur et nous donnons au suivant. On ne compte pas nos heures, notre temps. Ça nous fait du bien d’être bénévoles», assurent-elles.
Fées des étoiles
Esther et Danielle ne sont pas seulement enseignantes en cinquième année, elles se transforment en fées des étoiles à l’approche des Fêtes. Elles se donnent comme mission d’embellir le Noël de centaine d’enfants défavorisés.
Tout a débuté en 1999 lorsqu’elles ont lu en classe le conte de Noël L’Arbre de joie de l’auteur Alain M. Bergeron et qu’un élève a suggéré de s’en inspirer.
Dans l’Arbre de joie, chaque ampoule est associée à un enfant défavorisé qui ne recevra pas de cadeau. Des centaines de noms y sont inscrits.
Les élèves deviennent des lutins qui s’occupent non seulement d’emballer les cadeaux, mais aussi de solliciter les gens pour qu’ils en achètent un, d’une valeur d’environ 15 $, à chacun de ces enfants démunis. Pour chaque jeune parrainé, une lumière est allumée dans le sapin.
«Quand quelqu’un s’engage à acheter un cadeau pour un jeune, il allume l’ampoule et illumine le cœur d’un enfant. Plus il y a d’ampoules allumées, plus il y a de cadeaux ramassés», expliquent-elles.
Plus de 1200 enfants, dont les noms ont été fournis par des directeurs d’écoles situées en milieu défavorisé, ont été soumis aux instigatrices du projet en 2016.
«Avec les moyens de pression des enseignants l’automne dernier, on a voulu nous mettre des bâtons dans les roues. Ce n’était pas négociable, il fallait tenir cet événement pour les enfants», insistent-elles.
«Si nous avions une seule activité à offrir à nos élèves, ça serait l’Arbre de joie», ajoutent les femmes qui cumulent 63 ans d’expérience en enseignement.
Les Arbres de joie sont installés au Centre Laval et au Centre Duvernay. Ce projet a inspiré aussi des écoles de Terrebonne, Valleyfield, Brossard et même de la Suisse.
Retraite
Mme Danielle commence à penser à la retraite. «J’ai beaucoup de difficulté à en parler. Je ne me vois pas non plus travailler avec Esther», lance-t-elle les yeux dans l’eau. Parions qu’elle donnera son nom comme bénévole.
Enfants moins créatifs
Qu’est-ce qui a changé au fil des ans? Mesdames Sauro et Cossette constatent que les parents sont de moins en moins impliqués et présents, que les enfants ne s’arrêtent plus pour réfléchir, qu’ils ont des agendas remplis, qu’ils manquent de rigueur, etc.
«Il y a souvent un manque de réflexion chez les enfants, parce qu’on leur demande d’être performant immédiatement. Il n’y a plus de place pour la créativité. Par nos projets, on s’en charge. Rien faire est aussi une façon de développer la créativité de l’enfant», terminent-elles.
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