La jeune militante environnementaliste, qui a rallié le terminal de l’oléoduc 9B de la pétrolière Enbridge, a franchi la distance pour dénoncer le manque de consultation dans l’exercice qui a mené à autoriser l’inversion du flux de pétrole sur ce tronçon de canalisation, l’automne dernier.
Le Courrier Laval l’a rencontrée dans la partie est de Laval, là où le pipeline traverse des quartiers résidentiels, la zone agricole et les rivières des Mille Îles et des Prairies.
Cour suprême
C’est par esprit de solidarité envers la Première Nation des Chippewas de la Thames que l’universitaire de 22 ans s’est lancée dans cette aventure.
Ce groupe autochtone a déposé un recours devant la Cour suprême pour faire invalider l’autorisation accordée à l’inversion et à l’augmentation du débit par l’Office national de l’Énergie (ONÉ).
«Ce projet n’aurait jamais dû être approuvé. Aucune des 18 Premières Nations n’a été consultée, ce qui contrevient à l’article 35 de la Constitution canadienne», affirme-t-elle en évoquant la reconnaissance des droits ancestraux.
Catastrophe inévitable
Rachelle Thevenard rappelle «le plus grand déversement en Amérique du Nord» survenu au Michigan en 2010, où un bris de l’oléoduc appartenant à Enbridge avait provoqué la fuite de 20 000 barils de pétrole dans la rivière Kalamazoo.
«Comme le pipeline de la ligne 6B [du Michigan], celui de la ligne 9B est vieux de 40 ans et de même type», plaide celle qui estime inévitable une éventuelle catastrophe environnementale sur la ligne 9B.
À cet égard, Mme Thevenard mentionne que les produits chimiques ajoutés au pétrole brut des sables bitumineux pour en favoriser le transport dans la canalisation sont «tous hautement toxiques et corrosifs».
OLÉA en appui
Porte-paroles du mouvement citoyen Oléoduc Laval en amont (OLEA), Martin Archambault et Luc Falardeau ont accueilli en héroïne la militante ontarienne lors de son passage à Laval.
«Ces derniers mois, le projet Énergie Est de TransCanada a détourné l’attention, mais il ne faut pas oublier que circulent actuellement 250 000 barils de pétrole sous nos pieds. Bientôt, le débit augmentera à 300 000 barils par jour», souligne M. Archambault, précisant qu’il faille continuer à faire pression sur Enbridge et le gouvernement pour assurer la sécurité des citoyens.
En raison d’une trop faible pression, une fuite équivalant à 1 % de ce qui transite sur la ligne 9B ne serait pas détectée par les systèmes de contrôle, termine-t-il pour justifier ses craintes à l’égard de la santé des gens et de la protection environnementale.