«En somme, nous demandons à Québec de maintenir son rôle de régulateur en matière de justice sociale tout en reconnaissant aux régions leur potentiel, leur expertise et leur capacité d’agir en matière de prévention et d’inclusion», a indiqué le maire Marc Demers lors d’un point de presse, le 11 février.
Face cachée
Cette sortie coïncide avec le dévoilement d’un mémoire de 71 pages que la Ville de Laval a produit dans la foulée de la consultation publique menée par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) touchant la solidarité et l’inclusion sociale.
Le document montre la face cachée de Laval, où la présence de secteurs urbains fortement fragilisés est occultée par la prospérité économique de la ville-région.
«Intitulé Vers un troisième plan d’action gouvernemental, notre mémoire fait la démonstration claire que Laval est une ville hétérogène où l’on observe d’importantes inégalités partout sur son territoire», a précisé le maire, déterminé à déboulonner un vieux mythe selon lequel il n’y aurait pas de pauvreté à Laval.
Selon Pierre Tessier, chef de la nouvelle division Développement social à la Ville, ils sont plus de 50 000 Lavallois à vivre en situation de pauvreté. «C’est l’équivalent de la population de Shawinigan ou de Rimouski», a-t-il illustré.
À Laval, cela représente un citoyen sur huit.
Enjeux
Le mémoire dresse, entre autres, un portrait des enjeux lavallois liés à l’immigration, la condition féminine, la famille, la sécurité alimentaire, l’itinérance, l’entreprenariat et l’économie sociale ainsi qu’aux aînés, aux jeunes et au logement.
«Les forts changements sociodémographiques confirmés sur le territoire impliquent nécessairement un nouvel angle d’analyse de la part du MTESS», peut-on y lire.
En foi de quoi, le prochain plan de lutte du MTESS devra considérer qu’à Laval, les nombreux défis à relever pour lutter contre la pauvreté nécessitent un financement important, fait-on valoir.
Demandes
L’administration municipale désire conclure une entente administrative sur la gestion du Fonds québécois d’initiatives sociales et toucher sa juste part de l’enveloppe.
Parmi la trentaine de recommandations qui ponctuent son mémoire, la Ville demande à Québec de faciliter le développement d’approches intersectorielles et de mobilisation à l’échelle des milieux de vie.
«Une des options pourrait être que les directions régionales des différents ministères puissent bénéficier de marges de manoeuvre financières non normées pour s’inscrire dans les priorités d’action identifiées par la région», suggère-t-elle.
Bref, l’administration municipale souhaite que l’on reconnaisse sa compétence pour définir ses propres enjeux régionaux et locaux.
Réaction
Élu indépendant, Michel Trottier déplore que cet exercice ait été mené sans même que le conseil municipal en soit informé. «On a entendu parler de ce mémoire pour la première fois à la rencontre précédant la séance du conseil du 2 février. La présentation avait duré 10 minutes», a-t-il commenté, en émettant le souhait que «les 21 élus de Laval soient davantage inclus» dans ce type de démarche à l’avenir.