Il en était à son quatrième saut à Laval depuis qu’il a repris du service, en juin. Son retour en politique avait alors eu l’effet d’un électrochoc pour le Bloc, qui doublait rapidement ses appuis à 25 % dans les intentions de vote des Québécois.
Mais depuis, l’effet Duceppe s’est dissipé révèle un récent sondage, qui place son parti 3e, derrière les libéraux avec 16 % des intentions.
Encore 40 jours
«On est dans une situation dans laquelle se trouvait le NPD en début de campagne, il y a quatre ans, et ils sont là où on était [en 2011]» mentionne-t-il pour illustrer la volatilité des coups de sonde.
Et puis, la campagne est encore jeune, laisse entendre celui qui refuse de se laisser distraire par les sondages.
En entrevue au <@Ri>Courrier Laval<@$p>, il signale qu’il reste encore 40 jours, alors qu’en 2011, elle s’était jouée en seulement 37 jours.
Incidemment, plus tôt en journée, M. Duceppe prenait un premier engagement formel, faisant du financement de la santé son principal cheval de bataille.
Quant au fait que le NPD distance son parti de quelque 30 points de pourcentage, le principal intéressé relativise, rappelant l’élection du 28 juin 2004.
«En janvier, on était à 20 % et Paul Martin [chef du PLC] à 60 % au Québec. On était loin en arrière.»
Le jour du scrutin, le Bloc faisait élire 54 députés dans un gouvernement libéral minoritaire.
Slogan
La veille, le 7 septembre, le Bloc avait dévoilé les couleurs de l’autobus et son slogan de campagne «On a tout à gagner», derrière lequel son chef entend rallier l’ensemble des Québécois d’ici le 19 octobre.
«On a tout à gagner à envoyer là-bas des gens qui défendent fondamentalement les intérêts et les valeurs du Québec», déclare-t-il en parlant d’Ottawa.
Le chef bloquiste déplore que la voix du Québec a très peu résonné aux Communes depuis qu’a déferlé la vague orange au printemps 2011.
«Quand les intérêts du Canada entrent en conflit avec ceux du Québec, les partis canadiens font vite leur choix», fait-il valoir, laissant entendre que de peur de s’aliéner le Canada anglais, les conservateurs, libéraux et néodémocrates opteront toujours pour le choix de la majorité.
Évoquant les contrats pour les navires de la Marine canadienne octroyés à Vancouver et Halifax au détriment de Lévis, au Québec, et le financement accordé au projet hydroélectrique de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse, en dépit d’une motion unanime de l’Assemblée nationale contre cette aide financière, Gilles Duceppe affirme que seul le Bloc est en mesure de rétablir «un rapport de force» pour le Québec au parlement canadien.
Double discours
Toujours selon M. Duceppe, le Québec a tout intérêt à faire élire des souverainistes à Ottawa qui ne diront pas une chose en anglais et son contraire en français.
Il vise ici le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, dont il dénonce le double discours, notamment pour le projet de pipeline Énergie Est.
En matière de santé, il accuse M. Mulcair d’avoir renoncé à son engagement de rétablir les transferts aux provinces et de mettre ainsi le Québec et les provinces à genoux financièrement.
«Il a la même politique économique qu’Harper, ajoute le chef bloquiste, en rappelant son engagement du déficit zéro. L’austérité est la pire des choses en période de récession.»
Message aux souverainistes
Troisième au Québec loin derrière le NPD, selon un sondage CROP, réalisé à la mi-août pour le compte de <@Ri>La Presse<@$p>, le Bloc est résolument déterminé à faire le plein des souverainistes au cours des six prochaines semaines.
«C’est stratégique [pour eux] de voter pour des souverainistes, pas pour des adversaires de la souveraineté. Mulcair se décrit comme le principal adversaire de la souveraineté, insiste Gilles Duceppe, rappelant au passage que Thomas Mulcair était directeur des affaires juridiques d’Alliance Québec, il y a une trentaine d’années.
«Ça va faire tout un défenseur de nos intérêts», ironise celui qui, d’ici les débats des chefs, les 24 septembre et 2 octobre, dévoilera sa plateforme électorale.