À force d’essayer et d’y croire, tout devient possible. Handicapé visuel et conférencier, Michel Langlois a partagé cette philosophie de vie au cours de son allocution prononcée, le 17 mai dernier, à la Cité-de-la-Santé, lors d’une rencontre de l’Association lavalloise de parents pour le bien-être mental. Atteint d’une maladie très sévère aux yeux, il se bat depuis 61 ans pour faire valoir les droits des personnes handicapées et livre son message au grand public.
«J’ai pris mon handicap et j’en ai fait un outil de travail. C’est un beau revirement de situation, non?» demande l’homme, de passage à Laval.
Né avec une forme rare de rétinite pigmentaire, petit, il ne distinguait uniquement que les gros objets, comme une voiture ou une maison, avant de plonger définitivement dans le noir. «À l’école, je ne pouvais pas lire, alors j’apprenais tout par cœur. Puis, au secondaire, j’ai dû apprendre le braille pour poursuivre ma scolarité», se souvient-il.
À l’époque, alors qu’il aspire à devenir conseiller en orientation, il part étudier à l’Université d’Ottawa, seul établissement à l’accepter. Magnétophone, lecteurs bénévoles et examens passés à l’oral, l’étudiant improvise des solutions pour atteindre son objectif de carrière. Mais bientôt, les barrières sociales de l’époque le rattrapent. En 1972, il n’obtient pas son bac, puisque aucune école n’accepte alors de l’accueillir pour son stage de fin d’étude. Première déception pour le jeune homme.
Se frayer un chemin
Ne voyant pas d’opportunité professionnelle et de retour à Montréal, Michel Langlois se lance en affaires. Une expérience peu convaincante, puisqu’il sera contraint d’abandonner ce domaine, après six mois. Deuxième coup dur.
«Puis, j’ai été bénévole à la Fondation Mira. De vendeur de macarons, je suis devenu porte-parole, puis responsable des collectes de fonds», raconte celui qui aura passé dix ans au sein de l’organisme.
C’est de la Fondation Mira qu’est né son envie de partager son expérience. En 2000, il devient conférencier et publie Mon clin d’œil à la vie. «Je commence toujours mes conférences en disant « j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que j’ai trouvé la recette de la réussite, la mauvaise, c’est que ce n’est pas facile à appliquer ».» Se fixer des objectifs, mettre des efforts, vaincre ses peurs et faire preuve de courage sont les quatre éléments qui lui auront permis de se frayer un chemin.
Fier militant du droit des personnes handicapées
En plus d’un demi-siècle, Michel Langlois en a vécu des époques. Pour l’entrevue, il se souvient des mentalités du milieu des années 1970.
«On se faisait refuser partout. Dans l’avion, au restaurant, dans les hôtels et les salles de concert. Ça blesse au cœur chaque fois. Quand t’es au métro Henri-Bourassa, à 22h, qu’il pleut et qu’aucun taxi ne veut te prendre, ça fait mal. Et personne ne veut témoigner», conte-t-il.
En 1978, l’adoption de la loi reconnaissant le droit des personnes handicapées est un tournant important dans l’évolution des droits, selon le conférencier. «Cela a ouvert les portes assez vite. On a élargi l’utilisation des chiens guides. On a reconnu notre existence», clame-t-il.
Aujourd’hui, l’homme reconnaît les avancées significatives qui favorisent l’indépendance des personnes non-voyantes. «En plus de mon chien guide, j’ai un GPS parlant, grâce auquel je suis aussi autonome que quelqu’un qui voit clair. À la maison, j’ai un ordinateur qui parle et un scanner optique. Je peux lire mon courrier et plus personne ne rentre dans mes rapports de placements», dit-il avec humour.
L’unique domaine dans lequel Michel Langlois considère que son handicap lui aurait nui serait dans les sports d’équipe. Qu’à cela ne tienne, il pratique le golf, la raquette ou encore le ski. Médaillé d’or au championnat canadien de ski alpin pour handicapés visuels en 1982, ce passionné de voile s’accroche maintenant à son autre rêve: traverser l’Atlantique en voilier.
Information: www.michel-langlois.net