Sur le site du ministère de la Famille et des Aînés (MFA), le dossier de la garderie, qui gère 80 places à 7 $, dont 20 pour des poupons, est peu reluisant: cinq plaintes y ont été enregistrées, depuis le début de l’année 2010.
Sur les 121 garderies privées et centres de la petite enfance que compte le territoire de Laval, seulement quatre établissements ont des plaintes à leur dossier, en incluant Les P’tits de St-Vincent. Deux n’affichent qu’une plainte, l’autre en écope deux.
Répertoire récent
Ces informations figurent au nouveau répertoire du Ministère qui ne collige les résultats d’inspections que depuis le 15 novembre 2009. Plusieurs fiches d’établissements ne recèlent aucune information, et les rapports d’inspections effectuées avant cette date ne sont pas enregistrés.
«On ne peut pas tirer de conclusions avec le nombre de plaintes, met en garde Étienne Gauthier, responsable des relations avec les médias du MFA. L’outil ne donne qu’une image parcellaire de la réalité. Les meilleures personnes, pour juger de la qualité du service, ce sont les parents.»
Doléances nombreuses
Le baromètre des parents n’indique pas un ciel sans nuages, à la garderie Les P’tits de St-Vincent. Portions de nourriture insuffisantes, menu répétitif, armoire à jouets dégarnie, comité de parents factice, congédiement et départ d’employés jugés compétents, embauche de personnel ne possédant pas la formation requise, ratios éducatrices/enfants non respectés, frais injustifiés, gestion erratique des allergies, propreté qui laisse à désirer…
«J’ai vu du steak haché à la température de la pièce, sur le comptoir de la cuisine. Ça m’a sidéré», raconte un père qui a requis l’anonymat, comme les trois autres parents et une ex-employée interrogés par le Courrier Laval. «Ma conjointe et moi, ça nous rendait nerveux, dit ce père. Un moment donné, on ne dormait plus. On n’est pas là, pendant la journée…»
Une mère raconte comment les «deux éducatrices sensationnelles» de son fils ont quitté la garderie simultanément. «On leur demandait de mentir aux parents au sujet de ce que les enfants avaient mangé. Les trois quarts des jouets étaient ceux qu’une des éducatrices apportait de chez elle.» «Je pleurais de la garderie au travail et au travail, j’étais sans connaissance», raconte la mère, qui a essayé, sans succès, de trouver une place ailleurs, pour son enfant. Depuis les dernières inspections, au début mai, les choses se sont améliorées, disent trois parents interviewés qui retiennent toujours les services de la garderie.
Retrait
Une autre mère n’a pas attendu une embellie; elle a retiré son bambin de la pouponnière. «Il n’y avait pas de gants, pas de mouchoirs, le ménage laissait à désirer», se souvient-elle.
Une ancienne employée qui s’est fait montrer la porte confirme le bien-fondé des doléances des parents. Amère, mais convaincue d’avoir fait son travail de façon professionnelle, elle déplore que les parents aient à vivre angoisse et insécurité. «Ils n’ont pas le choix: ils n’ont pas d’autre place.» **********