Melany Juarez, étudiante de thèse oeuvrant à l’Institut national de recherche scientifique (INRS), a ouvert son laboratoire pour parler de son travail actuel et de la place de la femme dans le monde de la recherche.
Étudiante au doctorat en biologie, son étude se penche sur l’étude de la glande mammaire. Elle se demande en quoi l’environnement de la femme enceinte peut causer des problèmes sur le système reproducteur ou même conduire au développement du cancer du sein chez l’individu.
Elle a mené la plus grande partie de son étude «in vivo», en réalisant des expériences sur les rats, qu’elle a exposé à un mélange représentatif de perturbateurs endocriniens, par exemple, retrouvés dans le plastique, les crèmes chimiques pour le corps ou les retardateurs de flamme.
Ces perturbateurs peuvent avoir un impact sur les systèmes messagers de notre corps, à travers les hormones notamment.
Melany Juarez a donc nourri les rats afin de les exposer de façon dérivée à ces composants.
Très sensible à la condition animale, la chercheuse a décidé de mener une autre partie de son étude en parallèle. «J’ai essayé de reproduire une glande mammaire à partir de cellules humaines et de lui donner l’impression qu’elle était en environnement in-vivo, pour ne pas travailler juste avec les rats. »
Après quatre ans d’expériences en laboratoire, elle commence désormais l’écriture de sa thèse.
Être femme scientifique
Arrivée du Mexique en 2018, la chercheuse a eu l’impression qu’un nouveau monde s’ouvrait à elle.
«Au Mexique, quand on sortait dans la rue le 8 mars, c’était pour défendre notre droit de vivre, alors que 11 femmes se font tuer chaque jour là-bas, explique la jeune chercheuse. Ici, on a ce droit de vivre, on se bat pour des choses plus poussées, comme la parole.»
Membre du comité contre les violences à caractères sexuels ou bien encore du comité Équité, Diversité, Inclusion (EDI), Melany Juarez est très impliquée dans la bataille pour la cause féministe dans le monde de la science.
Depuis son arrivée dans le monde scientifique, elle raconte avoir reçu de nombreux commentaires sexistes et s’être opposée à beaucoup de barrières.
«Il y a toujours des commentaires par rapport à mon sexe ou ma capacité à faire des choses. On te fait comprendre que toi, tu n’as pas le droit de parler parce que de toute façon tu vas tomber enceinte, tu ne resteras pas longtemps.»
Ce qu’explique la chercheuse, c’est que lorsque tu veux tomber enceinte et fonder ta famille, tu dois forcément arrêter de manipuler du matériel en laboratoire. Ça te ralentirait dans ton travail et mettrait un frein à ta carrière.
Il y aurait un ralentissement pour les demandes de bourses ou l’application à certains postes. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de doctorantes, mais au final, très peu de professeures, selon elle.
«S’il y a un conseil que je souhaiterais donner à la prochaine génération, c’est que vous n’êtes pas seules, pour moi la sororité c’est ça la clé. De plus, mon père m’a dit que j’ouvrais les portes pour la future génération, ce combat n’est pas vain.»
Melany Juarez ajoute que pour elle, c’est sa professeure et directrice de thèse, Isabelle Plante, qui l’a inspiré et qui est encore aujourd’hui son modèle de réussite.