(Dernière mise à jour: 17 octobre, 15h30)
L’administration Boyer projette construire un immense réservoir d’eau potable dont la capacité équivaudrait à plus de 10 piscines olympiques dans le secteur de Chomedey.
L’idée est de «rendre Laval plus résiliente», explique en entrevue au Courrier Laval le maire Stéphane Boyer en évoquant les impacts des changements climatiques.
À terme, Laval prévoit se doter de trois réservoirs de cette nature, lesquels seraient respectivement alimentés par les stations de traitement d’eau potable de Chomedey, Pont-Viau et Sainte-Rose.
Un premier pas
Plus tôt ce mois-ci, le conseil municipal adjugeait un contrat de quelque 640 000 $ à la firme de génie Stantec Experts-conseils. Son mandat: réaliser les études préparatoires et la conception préliminaire d’un réservoir d’eau potable de 40 000 mètres cubes dans Chomedey, incluant une étude d’opportunité pour le choix du site d’implantation du réservoir.
Ce premier bassin à enfouir sous terre permettrait d’emmagasiner pas moins de 40 millions de litres d’eau, ce qui dégagerait une «marge de manœuvre» advenant un bris à l’usine de production de Chomedey ou encore une période d’étiage exacerbée par une sécheresse inhabituelle, qui limiterait son approvisionnement en eau depuis la rivière des Prairies. Des trois réservoirs projetés, celui de Chomedey est de loin le plus vaste considérant qu’il desservira le secteur le plus densément peuplé, dont le centre-ville.
«Lorsque les réservoirs requis au Plan directeur d’aqueduc seront complétés, il y aura une autonomie de 12 heures en considérant qu’une des trois stations de production d’eau potable est à l’arrêt», précise par courriel le chef aux Affaires publiques, Philippe Déry. Il ajoute que «la capacité des réservoirs doit être mise en perspective avec les besoins des citoyens, institutions et commerces, la poursuite du développement de Laval ainsi que la croissance de sa population». L’accès à ces réservoirs permettra également d’éviter de surtaxer les autres usines pour compenser une baisse de production qui pourrait affecter l’une d’entre elles.
Deux fois le prix estimé
Le présent mandat de services professionnels coûtera près du double de ce que le Service de la gestion de l’eau estimait à 344 925 $ avant le lancement de l’appel d’offres public. À 642 710 $ taxes incluses, l’offre soumise par Stantec Experts-conseils a été recommandée par le Service de l’approvisionnement et des achats, puis acceptée par les élus. Des deux soumissionnaires en lice, seule la firme Stantec a obtenu la note de passage de qualité minimale fixée à 70 %.
«Une estimation plus détaillée aurait possiblement réduit l’écart observé», peut-on lire dans le sommaire décisionnel adressé au comité exécutif, dont le Courrier Laval a obtenu copie. On attribue également cet écart défavorable de 300 000 $ au fait que «le marché du génie conseil est peu présent pour ce type de mandat en ce moment» en raison des nombreux projets et chantiers en cours et d’un manque de ressources.
Au terme des 43 jours de publication, 5 fournisseurs avaient défrayé les coûts pour les documents d’appel d’offres, dont 3 n’ont finalement pas soumis d’offre.
Enfin, si le rapport de Stantec Experts-conseils est attendu à la fin du premier trimestre 2024, il serait étonnant d’assister à une mise en chantier avant 2026 vu la complexité d’une telle infrastructure. Pour l’heure, on évalue autour de 60 M$ la construction de ce réservoir souterrain dans Chomedey.
Un premier bassin d’eaux usées
Par ailleurs, la Ville prévoit en 2024 lancer un appel d’offres pour la construction d’un premier bassin de rétention souterrain destiné à recueillir momentanément les eaux usées lors de fortes précipitations ou de fonte de neige au printemps.
Ce réservoir dont le volume serait de 15 000 mètres cubes s’implanterait sous le parc Cartier derrière l’aréna du même nom dans le secteur de Marigot.
En plus de «réduire les surverses», à savoir le trop-plein que les usines d’épuration n’arrivent pas à traiter, cette infrastructure va permettre d’«augmenter notre capacité d’accueillir de nouvelles constructions», mentionne Stéphane Boyer.
Rappelons qu’en 2021, le ministère de l’Environnement avait recensé pas moins de 1219 débordements d’eaux d’égout sur le territoire de l’île Jésus, équivalant à 3,3 surverses par jour dans les cours d’eau.
Ce bassin souterrain projeté dans Laval-des-Rapides serait le premier du genre à être aménagé à Laval.