Mis à jour: 2 avril 12h49
Des employés du Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) de Sainte-Dorothée craignent pour leur santé, maintenant que 4 résidents sont morts de la COVID-19 et que 38 autres personnes, dont un médecin et des infirmières, ont reçu des tests positifs.
Ces travailleurs affirment déplorer une mauvaise gestion du matériel de protection depuis de nombreuses semaines.
Selon des informations obtenues par le Courrier Laval, des employés expérimentés du CHSLD de Sainte-Dorothée se sont vus obligés de rentrer travailler sans masque la semaine dernière alors qu’il y avait déjà 11 personnes testées positives et 1 décès en lien avec la COVID-19.
Les employés qui travaillent au 350, boulevard Samson, se plaignent d’une situation qu’ils jugent «dangereuse et inacceptable» et qui se vit dans le centre depuis le début de la pandémie.
«Les infirmières et préposés de jour n’ont jamais porté des masque et maintenant tout le monde est malade», affirment au moins deux travailleurs désirant garder l’anonymat.
La situation a été seulement corrigée le lundi le 30 mars, alors que les directives du CHSLD donnent désormais accès à deux masques par quart de travail pour chaque infirmière et préposé aux bénéficiaires.
«On suit toutes les directives de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour protéger les travailleurs de la santé à Laval, explique Dr. Olivier Haeck, responsable de la prévention et du contrôle des infections au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval. On a envoyé plus de masques au CHSLD Saint-Dorothée pour nous assurer que le personnel les utilise en tout temps. Cependant, la direction du Centre nous assure que les mesures de sécurité ont été respectées.»
Personnel et médecin infectés
Des 38 personnes testées positives, 15 cas ont été confirmés par le CISSS de Laval. De ce nombre, on compte 28 patients, 5 infirmières, 4 préposés aux bénéficiaires et 1 médecin selon les informations obtenues par Courrier Laval. D’autres personnes étaient en attente de leurs résultats le jeudi 02 avril.
Transfert des patients
«Une résidente est partie à l’hôpital très malade vendredi soir, affirme l’un des employés du CHSLD Saint-Dorothée. On a appris qu’elle a été réanimée dans l’ambulance et qu’elle est finalement décédée à l’hôpital samedi soir.»
Selon l’un des employés du centre, le premier cas confirmé est survenu au premier étage, où réside notamment des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Le mercredi 1 Avril , 15 personnes sur 24 ont été atteintes par la COVID-19 sur cet étage.
Les 13 autres des cas confirmés liés à la COVID-19 se retrouveraient au deuxième étage. Un endroit où il y a souvent des transferts de patients provenant d’hôpitaux ou d’autres centres d’hébergement.
«On a reçu la confirmation des tests après le décès de deux résidents survenus en fin de semaine, raconte l’un des employés. Même les salons funéraires ne voulaient pas venir les chercher. Ça leur a pris 36 heures pour venir récupérer l’une des personnes décédées.»
Manque de matériel
Les travailleurs sont inquiets, car «la plupart utilisent des masques de plongée sous-marine comme protection oculaire et d’autres ont payé de leur poche des visières pour se protéger.»
Les employés affirment que toute le monde porte des gants et jaquettes jaunes depuis le début de la crise. Par contre, «les problèmes sont survenus parce que des infirmières et préposés ont travaillé plusieurs semaines sans masque, tout en restant très proche des patients.»
«Il y a des personnes qui ne savent pas que les masques N95 sont exclusifs pour certaines procédures faites dans les hôpitaux, affirme Dr. Olivier Haeck. Pour les masques utilisés dans les CHSLD, on en a des milliers disponibles au CISSS de Laval.»
«Pour ce qui est de la protection oculaire, le CISSS de Laval a engagé une équipe de soutien qui fabrique des visières pour les employés de la santé à Laval, commente Julie Lamarche, directrice des ressources humaines au CISSS de Laval. On espère pouvoir fournir de la protection oculaire au plus vite.»
Dr. Olivier Haeck ajoute que pour ce qui est des lunettes sous-marines, ni lui ni ses collègues n’ont pas vu personne utiliser ce genre de lunettes.
Isolement obligatoire ?
Les travailleurs du CHSLD Sainte-Dorothée se sont aussi plaints des consignes données par leurs supérieurs concernant l’isolement obligatoire. Certains d’entre eux, qui ont travaillé sans masque et qui ont été en contact avec des patients testés positif, n’ont pas été envoyés à la maison.
«Ç’a été très mélangeant pour les travailleurs parce qu’en premier lieu, les directives du centre étaient de renvoyer à la maison toutes les personnes ayant été en contact avec des cas confirmés, ajoute un employé. La journée suivante, ils nous ont dit qu’on devait rentrer travailler pareil.»
Le CISSS de Laval affirme que toutes les mesures et normes données par le ministère de la Santé et l’INSPQ ont été appliquées pour protéger et soutenir le personnel.
«Tous les employés qui ont des tests positifs ou qui ont des symptômes sont envoyés en quarantaine, déclaré la directrice des ressources humaines au CISSS de Laval. On fait une enquête sur les personnes qui ont été en contact avec des personnes atteintes. Si elles ont porté tout l’équipement de protection, elles restent travailler. Ceux qui ne l’ont pas porté doivent partir en isolement obligatoire.»
«Les infirmières et préposés immunosupprimés ou avec des conditions de santé particulières peuvent être transférés ou placés ailleurs, ajoute Julie Lamarche. Les employés qui ne sont pas à l’aise peuvent appeler le syndicat et la ligne de santé et sécurité. On est en contact avec les syndicats pour faire des ajustements même quand la situation évolue très vite.