L’Institut national de la recherche scientifique a découvert une voie thérapeutique prometteuse qui permettrait aux personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humain (VIH-1) de rétablir l’efficacité de leurs cellules immunitaires.
Cette étude est menée par le doctorant Hamza Loucif et le professeur Julien van Grevenynghe du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de Laval.
Ceux-ci ont noté que les personnes atteintes du VIH-1 doivent habituellement prendre des traitements antirétroviraux quotidiens qui entraînent des effets secondaires importants sans restaurer complétement le bon fonctionnement de leur système immunitaire.
À l’inverse, certains patients appelés «contrôleurs élites» sont capable de coexister avec l’infection sans intervention médicamenteuse. Ils sont ainsi «un modèle d’étude incroyable pour détecter, au niveau moléculaire, ce qui doit être amélioré chez les autres patients» selon M. van Grevenynghe.
Métabolisme énergétique
Les scientifiques ont donc voulu découvrir ce qui les différenciait des autres patients traités de la façon classique pour fournir de nouvelles armes contre l’infection.
Ils ont démontré que l’avantage de ces «contrôleurs élites» venait de leur métabolisme énergétique au sein des cellules immunitaires lymphocytes CD8.
«Afin de protéger le corps et d’effectuer leurs fonctions, les cellules requièrent de l’énergie, fabriquée dans la mitochondrie, précise Julien van Grevenynghe, qui travaille sur le VIH depuis 15 ans. Cette centrale énergétique n’est toutefois pas utilisée efficacement chez les patients traités. À cause d’une dérégulation du métabolisme, les cellules présentent une faiblesse dans la fonction immunitaire.»
Cette déficience n’est toutefois pas définitive. L’équipe de recherche a démontré que les lymphocytes CD8 pouvaient être «rééduqués» grâce à une protéine soluble qui optimise leur apport énergétique et leur fonctionnement immunitaire.
«Ces résultats ont un intérêt thérapeutique sans équivoque, car la protéine existe déjà, se réjouit le professeur du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Le simple fait que des gens soient contrôleurs élites est une preuve en soi que nous serons un jour capables de survivre à l’infection en l’absence de traitement agressif. On pourrait éventuellement penser à une interruption des traitements.»
Il ajoute qu’une meilleure efficacité énergétique permettrait aussi aux cellules de mieux répondre à la vaccination et au traitement.
CD4
Toute la protection immunitaire associée aux lymphocytes CD8 découle de la présence de cellules lymphocytes CD4 qui sont considérés comme les chefs d’orchestre du système immunitaire.
L’équipe de recherche veut donc déterminer si les lymphocytes CD4 possèdent aussi un avantage métabolique. À plus long terme, le groupe souhaite tester cette voie thérapeutique chez des souris humanisées et même des macaques.
Un intérêt supplémentaire de cette avancée est que les résultats de l’étude ne se limiteraient pas uniquement au VIH-1.
«Il y a une comparaison à faire avec les autres pathologies associées à l’inflammation persistante, comme le cancer, le diabète et même la COVID-19 avec l’inflammation des poumons», conclut Julien van Grevenynghe.