Maestro et président du conseil d’administration de l’Orchestre symphonique de Laval (OSL), Alain Trudel et Winston McQuade ont exprimé leur volonté d’être là pour soutenir les musiciens faisant face à beaucoup d’incertitude et leur désir d’égayer le quotidien du public lavallois.
«Nous réalisons que nous ne sommes pas si habitués d’être seul et à quel point nous avons besoin du contact avec nos collègues, raconte Alain Trudel. Mais la leçon est retenue: reste chez vous, laves-toi les mains et ne touche à rien dehors.»
«Cette crise me fait réaliser à quel point les Lavallois ont un orchestre ayant des humains de grande qualité, de poursuivre Winston McQuade, reconnaissant de l’appui indéfectible de la Ville envers l’OSL. En ce moment, les gens ont surtout besoin de se faire écouter. Nous pouvons compter sur une équipe aux compétences et à l’imagination exceptionnelles.»
Les deux hommes conviennent que tout comme ailleurs sur la planète et au Québec, l’OSL sera appelé à changer certains comportements. On n’a qu’à penser qu’au télétravail et l’appel à la technologie pour compenser les rencontres en direct. L’OSL a d’ailleurs rassemblé tous ses musiciens lors d’un rendez-vous virtuel.
«Il y a toujours eu quelque chose de fraternel dans la musique qui nous unis. On a tous besoin de réconfort et les arts jouent ce rôle pour de nombreuses personnes.»
– Alain Trudel, chef de l’OSL
Entre deux aéroports
Presqu’à la veille de la fermeture des frontières entre les États-Unis et le Canada, le 13 mars, Alain Trudel dirigeait un concert à Toledo, en Ohio, dont il est le directeur artistique depuis juin 2019.
«En apprenant les mesures annoncées, je n’avais qu’une chose en tête: me retrouver au plus vite dans une zone internationale pour revenir à la maison auprès de ma petite fille de trois ans dont s’occupe mon ex-conjointe, raconte celui qui dirige l’OSL depuis 2006. Comme tout le monde, j’ai observé les 14 jours de quarantaine. Depuis, toute la famille a été testée et tout le monde va bien.»
Quand il ne joue pas avec sa fillette ou ne dispute pas de parties de scrabble par la magie du Web avec ses deux fils adolescents, Alain Trudel offre des prestations en solo ou accompagné par certains musiciens sur le site temporaire de l’OSL au www.covid19.osl.qc.ca.
Son duo avec le violon solo de l’OSL, Antoine Bareil, sur la pièce populaire Some Skunk Funk, de Randy Brecker, s’avère déjà mémorable.
On trouve aussi ces performances joyeuses sur la page Facebook de l’orchestre.
Obéir à ses enfants
«Ma fille Pénélope et mes fils Sébastien et Shawn m’ont bien averti de ne pas sortir de chez nous, relate Winston McQuade. Heureusement, nous communiquons parfois par appel vidéo. La dernière fois, on s’est parlé durant une heure. Je ne me souvenais pas de la dernière fois où nous avions été réunis tous ensemble aussi longtemps, puisque mes enfants sont éparpillés dans diverses villes.»
La crise actuelle a ravivé l’un des plus mauvais souvenirs de l’artiste, animateur et conférencier de 76 ans. En reportage aux Jeux olympiques d’Atlanta, en 1996, un attentat s’était produit non loin de lui. La bombe avait fait 500 morts.
«On vit dans un univers où l’on ne peut prévoir ce qui peut arriver autour de nous!»
Réaction rapide
Dès les débuts de la crise, M. McQuade a mandaté le nouveau directeur général de l’OSL, Charles Decroix, de jeter un œil aux autres orchestres de la province. Question de voir leur façon d’appréhender les prochaines semaines, prochains mois.
«Tout juste arrivé avec nous, ç’a été un baptême de feu pour Charles, continue-t-il. La priorité a été d’établir un canal de communication entre les musiciens et le reste du personnel, notamment pour mettre de la clarté dans la prestation fédérale de 2000 $ par mois. Il est primordial de rester en contact avec chacun de nous.»
Mesures pour le public
À la suite des mesures exceptionnelles décrétées par le gouvernement du Québec pour freiner la propagation de la COVID-19, l’OSL a dû annuler ses concerts et activités prévus jusqu’au lundi 1er juin.
L’orchestre lavallois invite les gens à transformer leur achat en don pour soutenir ses musiciennes et musiciens qui sont parmi les plus durement touchés économiquement par les impacts du coronavirus.
«Depuis le début du mois de mars 2020, les artistes sont privés de tout revenu car l’ensemble de leurs engagement sont annulés. Or, l’OSL s’est engagé à les soutenir financièrement. Nous vous invitons donc à renoncer généreusement au remboursement de votre billet au bénéfice des artistes qui nous font tant vibrer! Un reçu fiscal sera émis au montant de ce don», souligne l’équipe de l’OSL.
Sinon, un crédit pour la saison 2020-2021 ou le remboursement de billets demeurent des options possibles.
«Quand tout sera fini, on va être là pour les citoyens de Laval, à créer avant tout de la beauté et du bonheur pour notre communauté», de conclure Alain Trudel.