École Polytechnique: décembre 1989. Université Concordia: août 1992. Collège Dawson: septembre 2006. L’intrusion d’un tireur dans une école n’arrive pas seulement aux États-Unis. Ces tragédies ont cependant mené à des révisions dans les méthodes d’interventions policières et l’instauration de formations pour le personnel scolaire.
«À l’époque de Polytechnique, les policiers avaient l’ordre d’attendre l’escouade tactique. Après analyse des événements, il y a eu des changements dans la formation des policiers afin qu’ils puissent intervenir plus rapidement», rapporte le lieutenant Daniel Guérin, des Affaires publiques de la police de Laval.
«Notre rôle n’est pas d’établir des périmètres de sécurité. Notre rôle est d’affronter le danger et d’aller maîtriser la menace», ajoute le lieutenant Ana-Isabel Rodrigues, de la police de Laval.
PARÉ
À Laval, depuis 2008, le Programme alerte réaction pour les écoles (PARÉ) prépare les intervenants scolaires à réagir dans pareille situation. On les forme à se barricader dans les classes afin de compliquer les projets du tireur et de faciliter le travail des policiers qui doivent le localiser.
Le personnel reçoit également la consigne d’interdire l’utilisation des cellulaires durant une opération de confinement. «Il ne faut pas congestionner les réseaux téléphoniques. Si les élèves appellent leurs parents, ça n’aide pas à contrôler l’événement. Il faut dégager les lignes pour donner des informations sur le suspect», explique le lieutenant Rodrigues.
Elle rapporte que des études ont montré que ces mesures permettent de sauver des vies et de gagner du temps. «C’est important d’outiller le plus de monde possible», affirme-t-elle.
Après une séance de formation sur les mesures de confinement, les participants se dirigent avec des policiers dans les salles de classe pour mettre les consignes en pratique. Lieutenant Rodrigues insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une simulation, mais plutôt de permettre aux gens de poser et d’enregistrer les gestes qui pourraient faire une différence en cas de crise. «Même si ça peut être énervant pour certains, c’est rassurant pour d’autres de savoir leur rôle», observe-t-elle.
Prévention
La policière croit que la formation peut également prévenir un drame. Les gens seront plus susceptibles de contacter les autorités s’ils voient quelqu’un à l’allure louche près de l’école. Les formateurs rappellent aussi au personnel de rester à l’affût de signes de détresse chez les élèves.
La détection d’une situation qui pourrait dégénérée permet une intervention avant que les choses soient graves, note le lieutenant Guérin.
Pour les policiers, ces formations permettent également de se familiariser avec les différentes écoles du territoire. Pour un étranger, une école secondaire peut vite devenir un labyrinthe.
L’impact de 19-2
Le premier épisode de la deuxième saison de 19-2, diffusé lundi soir, n’a laissé personne indifférent. Les policiers du poste 19 intervenaient dans une école secondaire alors qu’un adolescent faisait feu sur tous ceux qu’il rencontrait. Pendant de longues minutes, les patrouilleurs incarnés par Claude Legault et Réal Bossé ont cherché l’auteur de la fusillade dans l’école.
Au cours de leurs prochaines formations, les policiers de Laval feront-ils référence à l’émission réalisée par Podz? «Nous n’avons pas encore statué», fait savoir le lieutenant Daniel Guérin. Avec des cotes d’écoute de 1 554 000 téléspectateurs, il s’attend cependant à ce que les participants en parlent. Notant que certaines règles à suivre dans de pareilles situations n’ont pas été respectées, il indique que les formateurs remettront les pendules à l’heure. Conscient qu’il s’agit d’une télésérie, le lieutenant Guérin fait observer que l’objectif des auteurs n’était pas nécessairement de présenter une intervention parfaite.
Pour adulte seulement
Au Lac-St-Jean, des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) ont conçu une vidéo destinée aux élèves illustrant les façons de réagir en cas d’intrusion d’une personne armée dans une école. La SQ a donné son aval pour qu’elle soit distribuée dans les établissements scolaires qu’elle couvre.
À Laval, les policiers municipaux entendent continuer à limiter la formation aux adultes présents dans les écoles. Lieutenant Rodrigues reconnaît que celle-ci peut être stressante pour les adultes. Ainsi, avant d’aller de l’avant avec une formation pour les élèves, elle note qu’il faudrait évaluer son impact sur les enfants.
Dans le cadre de PARÉ, les policiers rencontreront le personnel de 12 écoles de la région d’ici la fin de l’année scolaire.