Le Comité de toponymie de Laval a été saisi ce mois-ci d’une demande à l’effet de renommer le parc Mont-Royal bordant la rue du même nom, dans Sainte-Rose, pour le parc Lee Brault.
Portée par la députée de Mille-Îles et ancienne conseillère municipale de Sainte-Rose, Virginie Dufour, la requête vise à perpétuer la mémoire d’une grande dame de coeur qui a œuvré et vécu dans la paroisse Sainte-Rose-de-Lima pendant trois quarts de siècle.
«Cette initiative témoigne de notre gratitude envers une femme ayant été une figure importante pour Laval, que ce soit au sein de ses activités de promotion de la condition des femmes, du logement abordable ou de la paroisse Sainte-Rose-de-Lima», déclare la députée libérale par voie de communiqué.
Née Leona Crowley, Mme Lee Brault demeurait toujours dans le quartier au moment de son décès le 2 février 2023 à l’âge de 95 ans. Elle s’y était établie à 20 ans.
Une vie consacrée aux autres
«Toute sa vie, elle a œuvré pour la communauté», souligne Gerry, le plus jeune de ses trois fils, lors d’un entretien téléphonique.
Cheffe de famille monoparentale au tournant des années soixante, Mme Brault s’emploie rapidement à soutenir celles qui se retrouveront dans la même situation. La demande est telle qu’elle en vient à fonder en 1972 l’Association Parents uniques de Laval. «Les rencontres se passaient dans la salle à dîner», se rappelle le benjamin en évoquant le domicile familial sur la rue Clarence-Gagnon, située une rue à l’ouest du parc qu’on souhaite renommer en hommage à sa mère.
Cinquante ans plus tard, l’organisme rebaptisé du nom du Regroupement des familles monoparentales et recomposées de Laval conserve toujours le numéro de téléphone… de la maison de son enfance. Gerry relate qu’au moment où l’OBNL a finalement emménagé dans un local du 340, boulevard Sainte-Rose, il était plus simple d’y transférer la ligne téléphonique résidentielle tellement le numéro était répandu.
30 ans au conseil de fabrique
Au-delà des considérations économiques, son frère Alain, l’aîné de la famille, se souvient des préjugés que subissaient les familles éclatées à l’époque, alors que le divorce allait à l’encontre des valeurs judéo-chrétiennes. «On étaient pointés du doigt», se souvient-il.
Ce qui n’a pas empêché sa mère de décrocher le poste de secrétaire administrative au conseil de fabrique de la paroisse, qu’elle a occupé pendant une trentaine d’années.
Le curé Michel Bouchard, qui l’a eue pour adjointe à son arrivée en 1992 (Lee Brault prendra sa retraite l’année suivante), garde le souvenir d’une citoyenne «très engagée, dévouée, une femme de foi».
En 2015, pour le 275e anniversaire de la paroisse Sainte-Rose-de-Lima, il l’avait nommée présidente honoraire des Mérites Marguerite-D’Youville, distinction remise à une douzaine de «piliers» de la communauté.
Trente ans plus tôt, en 1985, la Ville de Laval soulignait déjà la contribution exceptionnelle de Lee Brault lors de la toute première édition annuelle de la Soirée hommage aux bénévoles, se remémore son fils aîné, aujourd’hui âgé de 70 ans.
Appui sans réserve
«Madame Lee Brault a accompli de grandes choses pour aider de nombreuses familles monoparentales lavalloises pendant si longtemps», rappelle la directrice générale du Regroupement des familles monoparentales et recomposées de Laval, Véronique Chamberland. Celle qui – tout comme le curé Bouchard – appuie sans réserve la démarche de la députée libérale ajoute que Mme Brault «a investi tout son coeur et son temps à soutenir ces familles dans le besoin».
En donnant son nom au parc situé au cœur même de la communauté pour laquelle elle s’est autant dévouée, Mme Chamberland aime à penser que Lee Brault pourra ainsi continuer à veiller «d’une autre façon» sur les familles du quartier.
Au moment de mettre en ligne, le président du Comité de toponymie de Laval, le conseiller municipal Pierre Brabant, n’avait pas donné suite à notre courriel.