Le Centre d’entraide du Marigot (CEM) inaugurait hier Le Marigot agricole, un projet d’agriculture urbaine unique en son genre au coeur du centre-ville de Laval.
L’organisme à but non lucratif (OBNL) a remis en culture une terre en friche à l’orée du bois du Souvenir, là où le boulevard du même nom vient mourir à l’angle de la rue Robert-Élie dans Laval-des-Rapides.
L’idée a germé dans la tête d’André Gariépy à l’automne 2022 alors que l’OBNL dont il est le directeur général venait d’aménager une cuisine collective à la Coopérative d’habitation du Bois Ellen, située 250 mètres au sud.
«Je me suis demandé : pourquoi ne pas y cultiver des légumes? Aujourd’hui, le jardin du Marigot agricole est le point de départ d’une véritable communauté d’entraide nourricière pour la sécurité et l’autonomie alimentaire des citoyens de Laval-des-Rapides et Pont-Viau», a partagé M. Gariépy en présence d’une demi-douzaine d’élus provinciaux et municipaux et de nombreux partenaires de ce projet financé au coût de 600 000 dollars.
Cercle vertueux
Cinq mois après la mise en terre des premiers semis, la récolte se chiffre à ce jour à 3,5 tonnes de légumes.
Quatre-vingts pour cent (80 %) de la production est acheminé aux cuisines du Marigot aux fins de transformation pour en faire des repas sains et abordables au profit de la Popote roulante et du programme La Cantine dans les écoles.
Les surplus de production sont redirigés vers Moisson Laval et Enfant d’abord de même que les frigos solidaires du Collège Montmorency.
Haricots, tomates, kale, choux pommés, céleris, rutabagas, poivrons, échalotes, épinards, courgettes et courges d’hiver composent la variété de légumes cultivés en cette toute première et non moins fructueuse saison. «Une culture maraîchère en pré-certification bio, respectueuse de l’environnement», peut-on lire sur le site du CEM.
Projet fédérateur
Le Marigot agricole – dont le jardin collectif est le projet fondateur – va bien au-delà de l’agriculture.
Il rassemble plus d’une douzaine de partenaires institutionnels et communautaires engagés dans le développement d’activités ciblant la sécurité et l’autonomie alimentaire, l’éducation, la formation, l’écoresponsabilité et l’inclusion.
«L’aspect novateur, c’est justement les projets collaboratifs qui se sont greffés au jardin et qui vont continuer à faire des p’tits dans les années à venir», a indiqué Nathalie Villeneuve, coordonnatrice du Marigot agricole.
Elle réfère, entre autres, aux ateliers de cuisine collective, formations et stages en horticulture et agriculture urbaine, projets d’entrepreneuriat étudiant et activités de sensibilisation à l’écoresponsabilité.
«C’est un projet exemplaire», a reconnu la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, précisant qu’il «reflète les valeurs du Plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale» qu’elle a déposé à l’Assemblée nationale en juin dernier.
Sa collègue Céline Haytayan, députée de Laval-des-Rapides, a pour sa part parlé d’un «modèle de collaboration communautaire unique au Québec».
Incidemment, la mise en place d’un cadre de gouvernance collaborative a été encadré par une équipe de chercheuses de Cité-ID LivingLab, un laboratoire de recherche-action sur la gouvernance de la résilience urbaine à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Partenaire majeur
Parmi les premiers partenaires, la Ville de Laval a non seulement prêté le site pour trois ans, mais elle a également mis à la disposition du CEM l’expertise de plusieurs services municipaux.
«Le terrain n’est pas prévu pour l’agriculture, a rappelé la conseillère et responsable de l’aménagement du territoire, Christine Poirier, en saluant au passage la «détermination» d’André Gariépy.
C’est en effet un véritable tour de force qu’a réussi le Centre d’entraide du Marigot de mobiliser les ressources humaines, techniques et financières pour en arriver à concrétiser un tel «rêve» en l’espace d’à peine 18 mois.
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