Les résidents de la rue Fauvel, dans le quartier Sainte-Dorothée, sont au nombre des 318 propriétaires lavallois à avoir demandé l’aide de la Ville afin que leur propriété soit retirée de la zone d’intervention spéciale (ZIS).
Décrétée par le gouvernement, cette mesure temporaire applicable aux zones inondables impose d’importantes contraintes, le temps que les autorités provinciales élaborent et mettent en œuvre un plan d’action en matière d’aménagement du territoire relatif à ces terrains jugés vulnérables aux inondations.
Nombre de résidents, comme ceux de la rue Fauvel, redoutent un impact néfaste sur la valeur foncière et leur prime d’assurance à la suite de leur inclusion dans la ZIS.
«Ça ne reflète pas la réalité»
Résident de la rue Fauvel, Charles Boisvert explique: «J’étais dans la zone 20-100 ans, et me voilà dans la ZIS, ce qui me pénalise avec une possible perte de valeur de ma maison, alors que nous n’avons jamais été inondés. La carte de la ZIS ne reflète pas la réalité qui a suivi les inondations de 2017 et 2019.»
M. Boisvert a montré au Courrier Laval son certificat de localisation: «La zone de la crue 20-100 ans a été changée par la Ville et se trouve maintenant près de la zone 0-20 ans. Pourtant, chez moi, pour aller sur le bord de l’eau, il faut descendre 15 marches!»
On trouve une explication à cette situation dans le décret: «Si une propriété fait partie d’une zone inondable 0-20 ans dans la planification municipale, elle peut se trouver dans la ZIS même si elle n’a jamais été inondée».
Le conseiller municipal de Laval-les-Îles, Nicholas Borne, soutient qu’«à [sa] connaissance, les citoyens de la rue Fauvel font partie de la zone 20-100 ans. Ils pourraient donc subir de nouvelles contraintes en étant inclus dans la ZIS.» Le texte du décret semble lui donner raison.
L’animateur de radio Robert Arcand, lui aussi résident de la rue Fauvel, en rajoute: «Les propriétés ont été mal ciblées. Notre problème, lors des crues printanières, ne vient pas de la rivière, puisqu’elle ne nous a jamais inondés, mais des égouts pluviaux qui refoulent.»
«La Ville n’a pas de pouvoir»
En assemblée du conseil municipal le 13 août dernier, le maire Marc Demers a répondu ceci à Charles Boisvert qui lui demandait d’intervenir:
«La Ville n’a pas de pouvoir en la matière. C’est le gouvernement qui a autorité. Notre rôle est d’acheminer au Ministère [des Affaires municipales et de l’Habitation] les demandes de retrait et d’apporter une aide aux citoyens, par exemple en fournissant des preuves additionnelles telles que des photos aériennes.
Le maire a aussi ajouté: «Nos équipes travaillent très fort pour assurer ce rôle. Nous surveillons la situation et une mise à jour est disponible à tous les mercredis. Toutefois, nous ne connaissons pas les délais de réponse du gouvernement.»
Un décret plus récent qui autorise certains types de travaux, ainsi que la levée du gel sur les permis de construction-amélioration pourraient ne pas suffire à calmer la grogne. Reste à voir si une deuxième révision de territoire d’application de la ZIS saura le faire.