La pièce Incendies de Wajdi Mouawad sera présentée à la salle André-Mathieu le vendredi 28 mars, dans une mise en scène d’Ines et Elkahna Talbi.
Une relecture audacieuse où la figure féminine et la transmission du traumatisme occupe une place centrale dans cette nouvelle production.
Créée en 2003 par Wajdi Mouawad, Incendies est une œuvre qui a traversé les continents, marquant les esprits tant par sa version théâtrale que par l’adaptation cinématographique de Denis Villeneuve.
Aujourd’hui, sous la direction d’Ines et Elkahna Talbi, cette pièce intemporelle renaît à travers un prisme féminin puissant.
Relecture féminine
«Nous avons voulu mettre en avant l’histoire de Nawal, son parcours de femme, sa colère et la violence qu’elle subit» explique Ines Talbi.
Contrairement aux mises en scène précédentes, où plusieurs actrices incarnaient Nawal à différents âges, cette version confie tous les âges du personnage à Dominique Pétin, comédienne d’origine autochtone de 62 ans.
«Elle porte en elle toute l’expérience et la mémoire de Nawal. C’est un choix qui amplifie l’intensité du récit.»
En épurant certaines scènes et réorientant la narration autour de Nawal, les metteuses en scène donnent à cette tragédie une résonance encore plus intime.
«C’est une histoire de transmission et de filiation, une plongée dans la mémoire d’une femme marquée par la guerre et l’amour indéfectible pour ses enfants», ajoute Ines.
Public lavallois et adaptation
Si la programmation d’Incendies à Laval n’a pas été décidée par la metteuse en scène elle-même, elle s’en réjouit pleinement.
«J’adore Laval! Je fais la mise en scène de la Saint-Jean de Laval depuis plusieurs années, donc j’ai un lien particulier avec cette ville», confie-t-elle avec enthousiasme.
L’une des particularités de cette adaptation est l’importance accordée au mouvement et à la musique.
«La musique est un personnage en soi, elle structure l’univers du spectacle», souligne Inès Talbi.
Si l’on ne retrouve pas de danse à proprement parler, le travail corporel est minutieusement intégré à la mise en scène.
«Le corps exprime autant que la parole. Il y a une respiration dans le jeu, une émotivité physique qui accompagne chaque dialogue.»
Cette approche immersive renforce l’impact émotionnel de la pièce, en plongeant le spectateur au cœur des souvenirs de Nawal.
«On voulait que l’histoire soit racontée à travers ses yeux, comme si elle revivait son passé en le partageant avec nous» explique la co-metteuse en scène.
En phase avec l’époque
Dans un monde où les conflits persistent et où la violence continue de marquer les corps et les esprits, Incendies reste d’une actualité brûlante.
«Il suffit d’allumer la télévision pour comprendre pourquoi cette pièce est toujours pertinente», observe InesTalbi.
L’œuvre aborde des thèmes universels: la guerre, l’identité, la mémoire et la transmission.
«Ce texte parle de vengeance, de résilience, et surtout de la nécessité d’écouter la douleur de l’autre», ajoute-t-elle.
La pièce ne cherche pas à imposer un message, mais à provoquer une réflexion.
«Les spectateurs repartiront avec ce qu’ils voudront, mais je suis certaine que cette histoire les habitera longtemps.»
Partage et transmission
La co-diffusion entre Co-Motion et la Maison des arts de Laval témoigne d’une dynamique culturelle forte. Pour Ines Talbi, ces collaborations sont essentielles.
«Le théâtre doit circuler, aller à la rencontre du public. Laval mérite d’avoir accès à des œuvres marquantes, et je suis heureuse que nous puissions offrir cela.»
Si des rencontres avec le public sont parfois organisées après les représentations, l’horaire de tournée ne permet pas encore de confirmer ces volets à Laval.
«Mais le plus important, c’est que le spectacle voyage et touche les gens, peu importe où il est joué», de conclure la metteuse en scène.
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