«On est pratiquement traités comme des parias, comme si on étaient tous « une gang » de voleurs, quand on sait que ça relève d’une seule personne. On a rien à voir dans toute cette magouille», confie l’un d’entre eux sous le couvert de l’anonymat.
«La Ville avait nommé deux de ses élus au conseil. Ils n’ont jamais rien vu tout comme tous les autres administrateurs, d’ailleurs», poursuit-il, ajoutant que certains songeraient même à intenter une action contre la Ville pour atteinte à leur réputation.
Un autre, qui demande également que l’on taise son identité, trouve «malheureux de voir des bénévoles poursuivis par une Ville, après avoir donné de leur temps pendant des années pour l’embellir.»
«C’est très stressant. Il y en a qui ne dorment plus», mentionne-t-il.
Laxisme de l’ancienne administration
Ex-adjointe de Mathieu Lavoie, Julie Jalbert se dit attristée pour ces bénévoles qu’elle a côtoyés et qui se sont dévoués pour la cause de Laval en fleurs pendant de longues années.
Mme Jalbert, qui a permis de mettre au jour cette fraude au printemps 2012, impute une grande partie du blâme à l’ancienne administration, qui n’exigeait aucune reddition de compte au conseil, et ce, malgré une commandite annuelle de 100 000 $.
Un constat qui rappelle les propos tenus récemment par le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau, au terme d’une analyse du mode de gestion de 15 sociétés paramunicipales et organismes lavallois.
«On envoyait un élu ou un fonctionnaire au conseil d’administration, puis plus de nouvelles», résumait-il pour expliquer que d’importants fonds publics échappaient annuellement à tout mécanisme de contrôle de saine gestion.
Craintes
Aujourd’hui coordonnatrice du volet horticole à la Fondation du Centre de la nature, qui assure la relève de Laval en fleurs, Julie Jalbert craint qu’une telle poursuite puisse faire en sorte que des bénévoles n’osent plus siéger au conseil d’administration d’organismes communautaires.
C’est, entre autres, le cas d’un bénévole impliqué depuis une vingtaine d’années dans la communauté et nommément accusé de négligence à titre d’administrateur de Laval en fleurs.
Cette personne dit remettre sérieusement en question sa présence au sein du conseil d’un autre OSBL lavallois, où elle milite depuis quelques années.
«J’y pense beaucoup», explique cette source, précisant que certains ex-collègues à Laval en fleurs poursuivent la même réflexion.
Le maire s’explique
Quant au maire Marc Demers, il reconnaît que ce risque est «une dimension importante qui a été évaluée» par son administration, mais qu’il fallait poser un geste clair visant à rappeler les responsabilités qui incombent aux membres de conseils d’administration.
De la même façon, les employés municipaux et les élus sont redevables en tout premier lieu aux citoyens de Laval, et non pas au maire, a-t-il insisté.
«Rappelez-vous! On a passé un règlement obligeant les conseillers municipaux à dénoncer un collègue, s’ils ont des motifs raisonnables de croire qu’il a commis un geste illégal. On s’est inspiré de l’article 260 de la Loi de police. C’est conforme à notre philosophie.»