Depuis plus de 10 ans, Alain Trudel se consacre principalement à la direction d’orchestre. Cependant, d’aucuns n’auront oublié qu’il est l’un des trombonistes les plus connus sur le plan international. Entre l’âge de 20 à 35 ans, il donnait en moyenne près de 150 concerts par année partout sur la planète.
Au milieu des années 1990, YAMAHA l’a nommé «artiste international YAMAHA». Il a été le premier Canadien à recevoir une telle distinction, l’entreprise ayant l’habitude de repêcher ses vedettes du côté de l’Europe et des États-Unis. Ensemble, YAMAHA et Alain Trudel ont passé trois ans à élaborer et peaufiner une embouchure qui porte aujourd’hui le nom du maestro de l’OSL, et qui est distribuée partout dans le monde.
C’est à ce moment qu’un cancer virulent a tout chamboulé dans la vie du musicien. Une pause a été nécessaire. Le temps d’une convalescence d’une année et demie, où il était hors de question de jouer de son instrument. Le temps d’affirmer l’un de ses rêves: celui de diriger des orchestres, au service des compositeurs qu’il aime et de leur musique.
Déclencheur
«Il y a deux ans, Pinchas Zukerman, de l’Orchestre du Centre National des arts d’Ottawa, m’a demandé si je voulais interpréter le concerto pour trombone que Jacques Hétu m’avait dédié, raconte-t-il. J’ai hésité, car je ne voulais pas sonner moins bien qu’avant, puis j’ai réalisé que non. J’ai peut-être juste perdu un peu d’endurance.»
Depuis l’annonce de son retour à l’avant-scène, les invitations se multiplient. Le jour de son entrevue avec le Courrier Laval, Alain Trudel complétait d’ailleurs le permis de travail nécessaire pour donner une prestation prochainement à New York, avec le célèbre pianiste de jazz Gene DiNovi, qui a joué avec les Charlie Parker, Miles Davis, Benny Goodman, Duke Ellington, Dizzy Gillepsie et autres grands noms du jazz.
Avec les siens
«Mais à Laval, ce sera un premier récital, où je ferai un tour d’horizon de ce qui a été créé ou adapté pour le trombone, précise-t-il. Cet instrument est le violoncelle des cuivres. C’est un son aussi agréable à écouter que le violon, dans sa douceur, son aisance et sa flexibilité.»
Entre langages classique et romantique, le programme de Pleins feux sur Alain Trudel débutera sur un grand coup de virtuosité, avec une œuvre d’Arthur Pryor, le Paganini du trombone. Par la suite, des mélodies de Beethoven et Webers devraient aider à démystifier tout le potentiel de l’instrument.
Accompagné par sa complice de toujours, la pianiste Louise-Andrée Baril, Alain Trudel jouera aussi l’une de ses compositions en compagnie de Manon Lafrance (trompette) et François St-Jean (timbales), deux têtes d’affiche de l’OSL.
Parions également qu’un clin d’œil ou deux sera faits au jazz qui a constamment accompagné Alain Trudel.
Débuts fracassants
Rappelons que le premier contact du Montréalais avec les cuivres s’est fait au sein d’une fanfare. Attiré d’abord par les percussions ou la trompette, on lui a finalement confié le trombone.
Après ses études au Conservatoire, il était engagé à l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) à titre de surnuméraire. Il était alors âgé de 17 ans.
«Je jouais aux deux semaines, se souvient-il. D’ailleurs, celui qui jouait quand ce n’était pas moi, c’est David Martin, notre tromboniste solo à l’OSL!»
À 18 ans, il sera le premier cuivre à remporter le Concours de l’OSM et fera ses débuts en tant que soliste, sous la direction de Charles Dutoit. Très vite, la France, Hong Kong, Strasbourg, Vienne et d’autres villes importantes de la musique classique feront appel à son talent.
Notons aussi qu’il sera soliste sur les deux premiers enregistrements sur disque du chef Yannick Nézet-Séguin.
«J’ai toujours pensé et vite réalisé que de jouer avec du monde qui est bon, ça te tire nécessairement vers le haut!» de conclure le maestro tromboniste.
Le concert «Pleins feux sur Alain Trudel» aura lieu le samedi 25 octobre, à 15h, à la Chapelle du Mont-de-La Salle (125, boulevard des Prairies). Information: 450 667-2040.