La proposition de Parti Laval d’encadrer par règlement la présence des poules pondeuses en milieu urbain a été rejetée en bloc, mardi soir, par le maire et les élus de son équipe, les conseillers de la seconde opposition, Action-Laval, et les deux conseillers indépendants.
Responsable de la gestion animalière au comité exécutif, Sandra Desmeules a justifié le rejet de la demande en évoquant la présente réforme réglementaire à laquelle s’affairent plusieurs services municipaux… et la pandémie.
«Il faut faire des choix, a-t-elle dit. Qu’est-ce qu’on veut: adopter notre nouvelle réforme d’urbanisme ou prendre du personnel et le mettre sur la création d’une règlementation des poules pondeuses?»
À cet égard, le maire Marc Demers a renchéri à l’effet que «toutes sortes d’enjeux et de projets sont mis sur la glace» présentement en raison de cette refonte qui monopolise, entre autres, le personnel à l’Urbanisme et au Contentieux.
Facteur économique
Le facteur économique a également pesé dans la balance.
La délivrance de permis, le contrôle des règles en matière de salubrité, la campagne de communication pour sensibiliser la population et la gestion des plaintes ne se feraient pas sans coûts, a mentionné Mme Desmeules tout en citant au passage un sondage selon lequel 50 % des Lavallois seraient contre la légalisation des poules pondeuses.
«C’était notre souhait d’aller de l’avant avec un tel projet pour une plus grande autonomie alimentaire, mais à l’heure actuelle, avec la pandémie, nous croyons que les efforts, les énergies et nos fonds seraient mieux investis ailleurs», a-t-elle continué non pas sans rappeler le déficit anticipé, le report des versements au compte de taxes foncières et un possible gel de taxes en 2021.
Mme Desmeules a enchaîné en faisant notamment valoir qu’«il faudrait plutôt continuer d’appuyer nos organismes qui viennent en aide aux personnes les plus vulnérables», précisant que chaque semaine amène son lot de demandes d’aide alimentaire.
Après avoir rappelé le trou de 60 M$ dans les finances publiques creusé par la pandémie, M. Demers est revenu sur la récente mise à pied de 25 chauffeurs à la STL, victimes collatérales de la présente crise.
«Si j’annonce à un chauffeur « tu peux pas travailler, mais on va mettre 30, 40 ou 50 000 $ sur des poules », peut-être qu’il va trouver qu’on n’a pas les priorités à la bonne place», a-t-il plaidé.
Absence de volonté
Le chef de Parti Laval, Michel Trottier, a vivement rejeté l’argument économique, soulignant que le conseil municipal venait à peine d’entériner un mandat de 165 000 $ à une agence de communication pour une campagne d’image de marque.
Son collègue Claude Larochelle, qui proposait d’encadrer la présence des poules urbaines en zone résidentielle, mettait également en doute la bonne foi du parti au pouvoir.
«De mettre la refonte de nos règlements d’urbanisme, le gel de taxes et la soupe populaire contre les poules, l’argumentaire de Mme Desmeules, c’est un peu gênant.»
Voilà deux ans que ce dossier «traîne» sur la table du comité exécutif, a-t-il déploré tout en laissant entendre que les services municipaux avaient déjà planché sur un projet.
«On a modifié notre règlement animalier tout récemment, on aurait pu très bien passer le plan au même moment. Mais non, il y a un manque de volonté. Dites-le que vous êtes contre!»
Chasse aux sorcières?
Il y a quatre ans, en juillet 2016, le sujet des poules urbaines était abordé pour la première fois au conseil municipal.
Murielle Guerrero, à titre de porte-parole du mouvement «Pour la légalité des poules à Laval», avait fait des représentations en ce sens. Cette demande s’inscrivait alors dans la foulée des consultations publiques entourant la révision du schéma d’aménagement.
Deux ans plus tard, juillet 2018, Virginie Dufour, conseillère municipale de Sainte-Rose et responsable des dossiers d’urbanisme, faisait adopter par le conseil une résolution afin que la direction générale se penche sur la possibilité de permettre la présence de poules pondeuses en milieu urbain.
Aujourd’hui, M. Larochelle se questionne à savoir si «l’administration Demers va mener une opération de chasse aux sorcières contre ceux et celles qui contreviennent au règlement municipal» ou si elle choisira «de se fermer les yeux alors qu’elle sait pertinemment que certaines personnes enfreignent le règlement?»
Porte-parole au cabinet du maire, Robert-Charles Longpré signale que Marc Demers est au pouvoir depuis 2013 et que «l’expression chasse aux sorcières n’a jamais et ne fera jamais partie du vocabulaire de monsieur le maire. On n’a pas à gérer la façon dont les fonctionnaires appliquent la réglementation. Ce serait une ingérence politique.»
Quant à savoir si la présence de poules dans le voisinage a déjà fait l’objet de plaintes ces dernières années et si les autorités municipales ont sévi en pareille matière dans le passé, la responsable des affaires publiques au Service des communications de la municipalité, Anne-Marie Braconnier, était à vérifier les informations au moment de mettre en ligne. Celles-ci seront ajoutées aussitôt qu’elles nous auront été communiquées.
Précisons que selon la gravité de l’infraction commise par le gardien d’un animal, le règlement animalier de la Municipalité prévoit des amendes oscillant entre 50 $ et 1000 $ pour une première offense et du double en cas de récidive.