Le couple de pédophiles restera détenu jusqu’à sa représentation sur sentence le vendredi 6 mai. Stupéfait et furieux devant la nomenclature et l’admission des faits, refusant la demande de remise en liberté, le juge Gilles Garneau a déjà prévenu que la peine de pénitencier devrait être longue pour l’homme et la femme, âgés respectivement de 76 et 75 ans.
«Ça me soulage de savoir qu’il va enfin payer pour tout ce qu’il m’a fait, d’affirmer Stéphane Brabant, 39 ans, la dernière victime à avoir dénoncé les agissements du couple qui a tenu plusieurs foyers d’accueil dont celui de la rue Léry, dans Saint-François. Ça fait 29 ans que je pense à ça tous les jours. Je vais pouvoir tourner la page.»
Après l’audition des deux dossiers chargés du couple, Stéphane Brabant a demandé la levée de l’interdiction de publier son nom, lui qui avait six ans quand l’enfer a débuté au foyer Laporte Charland.
Avant de déclarer que la victime avait été traitée en esclave, la procureure a tenu à lire tout haut les faits reprochés. De l’âge de 6 à 10 ans, Stéphane Brabant a reçu de nombreuses corrections à coups de ceinture, une spécialité du couple, en plus de devoir s’agenouiller des heures avec des tasses aux bout des bras, faire des attouchements sur le corps dénudé de Jacques Laporte étendu sur le sol de son salon, se faire tirer les cheveux et oreilles comme un poisson hameçonné, sans oublier les cadeaux et vêtements neufs reçus de sa mère et qui lui étaient aussitôt confisqués. On l’obligeait aussi à parader tout nu devant la visite.
«C’est mon ex-petite amie qui a lu un avis de recherche sur Internet, en 2011, de confier M. Brabant. Les policiers de Laval demandaient de dénoncer et je l’ai fait. Pour moi.»
Autres accusations
La séance du 16 mars a également permis d’entendre les prévenus se déclarer coupables pour d’autres événements s’étant produits de 1966 à 1978.
Deux sœurs ont d’abord été victimes de voies de fait et d’agressions sexuelles à un rythme d’une à deux fois par semaine sur une décennie. Des années plus tard, un frère et une sœur ont pris le relais en tant que victimes désignées.
Débuté par des caresses et baisers forcés pour aller jusqu’à la masturbation, fellation, ainsi que la pénétration et la sodomie, une fois la puberté atteinte, cet enfer sordide a pris place dans deux résidences en sol montréalais avant de se transporter dans Saint-François.
Alors chauffeur d’autobus pour la Société de transport de Montréal, Jacques Laporte faisait même faire des balades aux jeunes qu’il accueillait pour ensuite abuser d’eux dans le véhicule. Quand les enfants se retrouvaient avec des blessures graves, comme le rectum déchiré, ils ne recevaient aucun soin de santé. Parfois, Laporte et sa femme invitaient un couple d’amis échangistes et intégraient des enfants à leurs jeux.
L’aînée des deux filles avait déjà confronté Jacques Laporte, le suppliant en vain d’épargner sa petite sœur et de faire appel à elle en tout temps. Quand elle a alerté un professeur de son école, celui-ci ne l’a pas crue et a raconté la chose à son tortionnaire. À cette nouvelle, Laporte a fouetté l’enfant au sang, comme il l’avait déjà fait et a continué de le faire par la suite avec plusieurs de ses prétendus protégés. Toutes les pièces de la maison étaient utilisées pour commettre ces abus sur une base hebdomadaire.
«Avez-vous déjà entendu des horreurs comme ça? s’est exclamé le juge Garneau devant la cour, s’enquérant de l’identité du professeur n’ayant pas secouru une victime jadis. Si ce professeur était là, il aurait besoin de donner des explications! Je veux connaître l’état des victimes et savoir s’ils ont reçu des soins psychologiques et autres. Oui, le tribunal va se préoccuper des victimes.»
Rappelons qu’en septembre 2011, au moment d’un avis de recherche pour trouver de nouvelles victimes du couple, Jacques Laporte avait déjà été reconnu coupable d’agressions sexuelles et de voies de fait sur deux jeunes garçons, qui avaient dénoncé ses agissements en 2009.