Mis à jour le 21 octobre 2025 à 11h47
Quelques semaines après avoir voté pour que la Ville se dote d’un poste de commissaire à la langue française, Action Laval change son fusil d’épaule face à cet enjeu régional.
«On évite comme les deux autres partis de mettre une police de la langue à Laval; on va plutôt aider les entreprises à se conformer à la loi. Il y a une loi provinciale, on va simplement [la] respecter», déclarait le candidat à la mairie pour Action Laval, Frédéric Mayer, dans une récente entrevue au Courrier Laval.
Questionné sur cette volte-face, M. Mayer n’y voyait pas de contradiction, affirmant à tort que les trois élus de son parti n’avaient pas voté contre l’avis de proposition du chef de Parti Laval, Claude Larochelle, le 13 août dernier, mais plutôt enregistré leur dissidence.
Vérification des faits
Vérification faite, le chef d’Action Laval et conseiller de Duvernay, Achille Cifelli, et les conseillers David De Cotis (Saint-Bruno) et Isabelle Piché (Saint-François) ont bel et bien voté pour que le comité exécutif mandate la Direction générale pour que la ville se dote d’un poste de commissaire à la langue française ayant notamment pour responsabilité le suivi de la mise en oeuvre du plan d’action municipal de la valorisation de la langue française. La proposition avait finalement été battue à 12 voix contre 6.
Et contrairement à ce qu’avance Frédéric Mayer, le Mouvement lavallois – Équipe Stéphane Boyer n’a jamais pris position en faveur d’un tel poste. Ni en défaveur d’ailleurs, et ce, même si le maire sortant et ses conseillers ont voté en bloc contre la proposition le 13 août. Lors des échanges précédant l’appel du vote, M. Boyer disait d’emblée ne pas s’objecter à la création d’un poste de commissaire à la langue, mais voulait avant toute chose se donner le temps d’analyser les 20 recommandations contenues dans le rapport déposé en juillet par le Comité consultatif ad hoc sur la langue française.
Où se positionne le chef d’Action Laval?
Le chef d’Action Laval, Achille Cifelli, s’est-il rallié à la position de son candidat à la mairie?
«Comme dans toutes les formations politiques, les débats internes chez Action Laval sont encouragés puisqu’ils font partie de la démarche démocratique», répond le parti dans un échange de courriels avant d’ajouter: «Ce sujet est en évolution, et une fois élu, Monsieur Mayer révisera ce dossier en fonction de ce qui est le mieux pour notre culture.»
Lors de notre entretien fin septembre, Frédéric Mayer avait ainsi étayé sa position contre un poste de commissaire à la langue: «On a déjà l’OQLF [Office québécois de la langue française] qui fait ce travail-là pour le Québec au complet. Montréal a mis ça en place et n’arrive même pas à pourvoir le poste.»
Puis, en parlant de ses opposants politiques, il enchaînait : «Ce qu’il veulent faire avec le commissaire, c’est compiler des statistiques qui sont déjà compilées par Statistiques Canada et par Québec […] Ce qu’on veut, nous, c’est plutôt soutenir la culture, le développement; c’est du soutien que notre culture a besoin, pas de se faire mettre des bâtons dans les roues.»
En fait, dans son rapport intitulé Laval, une trajectoire en français, le comité consultatif ad hoc expose en cinq points le rôle qui serait, entre autres, dévolu au titulaire de ce poste de commissaire à la langue française, lequel constitue la première de ses 20 recommandations :
- surveiller l’évolution de la situation linguistique à Laval;
- veiller à l’application des droits linguistiques, notamment en recevant et en traitant les plaintes;
- assurer le suivi de la mise en oeuvre du plan d’action municipal de valorisation du français [recommandation no 3];
- fournir des avis et des recommandations au conseil municipal;
- réaliser des enquêtes et rédiger des rapports en lien avec des situations inquiétantes ou inspirantes et proposer des recommandations.
Le français en déclin
Selon les données du dernier recensement fédéral, le poids démographique des Lavallois dont le français est la première langue officielle parlée à la maison a diminué de 3 points, passant de 71,9 à 68,9 %.
L’anglicisation de Laval s’observe dans beaucoup de commerces qui accueillent la clientèle en anglais, faisait remarquer le printemps dernier Michel Leduc, président de la Société nationale du Québec (SNQ) à Laval qui a fait de la protection et de la valorisation de la langue française un enjeu de la présente campagne électorale municipale.
M. Leduc n’avait d’ailleurs pas mâché ses mots à l’endroit d’Action Laval et de son candidat à la mairie qui brillaient par leur absence lors du débat des chefs que la SNQ a tenu le 17 septembre dernier.
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