Pour une personne qui souffre d’insuffisance rénale, ses traitements d’hémodialyse sont son seul moyen de survie. Pour 18 patients, ces traitements pourront dorénavant se faire à la maison, durant la nuit.
En plus d’avoir un impact positif sur la qualité de vie, cette formule de traitements améliore la santé des patients, souligne Dr Jean Marcotte, néphrologue au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Laval.
La mise en place d’un service d’hémodialyse nocturne à domicile est possible grâce à une subvention non récurrente de 538 000 $ du ministère de la Santé et des Services sociaux qui permettra l’acquisition d’appareils de dialyse et de matériel pour la salle de formation. Le Ministère augmente également le budget de fonctionnement du CSSS de Laval de 273 000 $ par année, afin de traiter 18 patients. L’Agence de santé et des services sociaux et la Fondation de la Cité de la Santé ont injecté 473 000 $ qui serviront à l’achat d’équipements et au fonctionnement du service.
Qualité de vie
Les traitements réguliers d’hémodialyse requièrent chaque semaine trois visites de quatre heures à l’hôpital. En plus du transport que nécessitent 156 visites par an à l’hôpital, Dr Marcotte rapporte que ces traitements sont brusques pour le corps.
En consultant les résultats obtenus par le docteur Andreas Pierratos de la région de Toronto et les différentes études réalisées sur le sujet, le médecin lavallois a pu constater une amélioration de la qualité de vie des patients. «Ils ont plus de temps, plus d’énergie pour leur travail ou leurs études, un meilleur moral et ils ont moins de restrictions alimentaires, énumère Dr Marcotte. Ils ont moins de problèmes d’hypertension et ils prennent moins de médicaments. Certains sont appelés pour une greffe et ils passent leur tour.»
En conférence de presse, le député de Vimont, Vincent Auclair, a fait remarquer qu’il s’agit d’une grande annonce pour les 18 personnes qui bénéficieront de ce service. «On améliore aussi la qualité de vie de leur entourage», a-t-il noté.
Formation
Avant de pouvoir faire les traitements de façon autonome à la maison, les patients qui seront intéressés par ce service devront suivre une formation d’une durée de 3 à 5 semaines.
«Nous allons choisir des patients qui sont déjà semi-autonomes, c’est-à-dire qu’ils s’installent seuls lorsqu’ils font leurs traitements au Centre ambulatoire», indique Dr Jean Marcotte.
La formation leur permettra de bien comprendre le fonctionnement plus global de l’hémodialyse et de l’équipement.
Dr Marcotte précise que la formation s’adresse uniquement aux patients. «C’est lui qui doit se prendre en charge. On ne veut pas mettre ça sur les épaules de l’entourage», assure-t-il.
Budget
En plus de libérer de la place dans les salles de traitements de la Cité-de-la-Santé et du Centre ambulatoire, le service à domicile aura des impacts budgétaires à moyen terme estime Dr Marcotte. «Pour l’institution, il faudra deux à quatre ans pour amortir le coût des appareils, mais ensuite on dégagera des économies», dit-il.
Selon le néphrologue, le système de santé dans son ensemble y gagnera également, notamment par la diminution des médicaments consommés et les frais de transport qui sont assumés par les services sociaux.
Présentement, les ressources disponibles à Laval permettent de traiter 236 personnes. Le nombre de patients ayant des problèmes d’insuffisance rénale augmente de 8,3 % par an.
Luc Lepage, directeur général du CSSS de Laval, croit que ce service augmentera l’autonomie de la région dans la prestation des soins. Il a également salué le travail de l’équipe de néphrologues qui sont les initiateurs de ce projet.