Moins d’un an après sa nomination à la présidence du Mouvement lavallois (ML)– Équipe Marc Demers, Grace Ghazal a remis sa démission le 11 février.
Nommée à ce poste lors de l’assemblée générale annuelle (AGA) du parti le 27 mai 2018, Mme Ghazal s’était retrouvée bien malgré elle à l’origine de la crise politique qui a couvé pendant quelques semaines avant d’éclater au grand jour, le 5 juin suivant.
Affidavit
Selon une déclaration assermentée signée le 30 avril 2018 par 10 des 19 conseillers élus du ML, Grace Ghazal était au nombre des trois candidats qui auraient bénéficié, 6 jours plus tôt, d’un geste antidémocratique posé lors d’un caucus visant à valider la candidature des sept aspirants à l’un des trois postes à l’exécutif du parti. Pour briguer de tels postes, les candidats devaient préalablement obtenir l’appui des deux-tiers du caucus.
«… suite au résultat du scrutin qui a laissé sur la touche les candidat [Grace] Ghazal, [Rabbah] Hammachin et [Ziaad] Ghantous, Marc Demers est apparu complètement contrarié […] alléguant que le scrutin s’était déroulé de manière partisane et que la majorité des élus qui ont voté n’avaient pas compris ce qu’ils devaient faire», peut-on lire dans l’affidavit rendu public le 5 mars dernier par 5 des 10 signataires.
Demers aurait alors exigé que l’on reprenne le vote au terme duquel le comptage des bulletins – contrairement au décompte précédent – se serait fait uniquement en présence du chef et de son attaché politique Anis Telmat, en contravention avec les statuts et règlements du parti. Puis, selon les nouveaux résultats annoncés, les 7 candidats sur les rangs obtenaient tous la note de passage (14 voix sur 20), ce qui était «mathématiquement impossible», affirment alors Aline Dib, Daniel Hébert, Isabella Tassoni, Michel Poissant, Sandra El-Helou, Aram Elagoz, David De Cotis, Jocelyne Frédéric-Gauthier, Paolo Galati et Vasilios Karidogiannis.
«… une fois sortis du caucus, les 10 élus signataires de la présente affirmation solennelle ont échangé entre eux sur le déroulement et le résultat du second scrutin et ont réalisé que les résultats dévoilés par Marc Demers ont été faussés, car dans notre groupe de 10, personne n’avait voté pour Ziaad Ghantous», écrivaient-ils.
Dans les jours suivants, ces 10 signataires allaient d’ailleurs tourner le dos à leur chef dans un geste sans précédent, déclenchant la crise qui a duré tout l’été. Cinq mois plus tard, la moitié des dissidents avait regagné le caucus du ML.
On se rappellera qu’à l’occasion d’une brève mêlée de presse le 13 juin, le maire Marc Demers avait nié catégoriquement toute allégation de manipulation de bulletins de vote.
Lettre
Dans sa lettre de démission du 11 février, Grace Ghazal invoque des raisons personnelles, indique le coordonnateur du ML, Christian Fortin. Il cite par ailleurs ce passage où la présidente démissionnaire écrit: «Je suis extrêmement satisfaite du travail que nous avons accompli ensemble en tant qu’équipe et je demeure solidaire des valeurs, des officiers, des élus et du personnel de notre grand parti.»
Mme Ghazal, qui n’a jamais pris publiquement la parole dans les médias à titre de présidente du parti, s’était d’abord fait connaître comme candidate aux élections de novembre 2017. Sous la bannière du Mouvement lavallois, elle avait été défaite dans le district Chomedey par la conseillère sortante du parti Action Laval, Aglaia Revelakis.
Intérim
Le 26 février, les membres de l’exécutif du Mouvement lavallois ont nommé Lyne Sylvain, alors vice-présidente, pour assurer l’intérim d’ici la prochaine assemblée générale annuelle que le parti tiendra ce printemps.