On se demandait où étaient passés les 721 920 $ que Pierre L. Lambert avait remis aux enquêteurs de la commission Charbonneau dans la foulée de l’enquête Honorer, laquelle avait mis au jour la corruption longtemps érigée en système à Laval.
Plus de cinq ans après son témoignage télévisé, on apprend que l’argent engrangé dans la petite caisse du défunt parti de Gilles Vaillancourt, le PRO des Lavallois, a été remis à la Ville le 15 juillet 2016.
Levée d’interdiction
«Par souci de transparence, je trouvais important d’informer les Lavallois que nous avions récupéré cette somme importante», indique le maire Marc Demers après que l’ordonnance de non-publication eut été levée.
Par voie de communiqué, le 9 octobre, M. Demers précise que l’argent a été injecté dans le Fonds Place-du-Souvenir, un fonds capitalisé de 10 M$ créé à même les sommes récupérées des corrupteurs et corrompus au profit des jeunes défavorisés de Laval.
Gardien de la caisse
On se rappellera qu’en juin 2013, devant la Commission
d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, M. Lambert avait reconnu avoir géré – de 2006 à 2012 – la caisse occulte constituée des ristournes de 2 % versées par les firmes membres des cartels d’ingénieurs et d’entrepreneurs en retour de contrats publics.
Il recevait et gardait dans un mini-entrepôt des centaines de milliers de dollars en argent comptant.
À la commission Charbonneau, il avait été démontré qu’un stratagème de prête-noms – auquel se prêtaient les élus du parti, leurs conjoint(e), enfants et proches – permettait de blanchir et transférer une partie de ces sommes vers le compte officiel du parti PRO des Lavallois via des contributions politiques.
Arrêt des procédures
Quatre ans après son arrestation lors de la célèbre rafle du printemps 2013, M. Lambert obtenait un arrêt des procédures criminelles pour délais déraisonnables. En vertu de l’arrêt Jordan de la Cour suprême, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) avait retiré les cinq chefs d’accusation qui pesaient contre lui, mettant ainsi fin au processus judiciaire au printemps 2017.
Radiation
Quelques mois plus tôt, à l’automne 2016, le Conseil de discipline du Barreau du Québec avait toutefois sanctionné Pierre L. Lambert, le radiant pour deux ans de l’Ordre pour avoir commis des actes dérogatoires à l’honneur et la dignité de la profession d’avocat.
Cela dit, l’ex-avocat lavallois pourrait dès le 2 novembre adresser une demande de réinscription au Tableau de l’Ordre. Jusqu’à nouvel ordre, il n’a pas le droit d’exercer la profession ni de porter le titre de Maître.
Homme de confiance
Celui qui fut longtemps l’homme de confiance du maire déchu Gilles Vaillancourt a siégé pendant des années au sein des conseils d’administration de la Cité du savoir et de la Cité de la culture et du sport de Laval.
Pierre L. Lambert agissait à titre d’aviseur légal pour ces OSBL, notamment chargés de veiller à l’implantation du pavillon de l’Université de Montréal aux abords de la station de métro Montmorency et du complexe sportif et culturel, aujourd’hui connu sous le nom de Place Bell.