Le tout premier spectacle d’humour de Jean-Sébastien Girard, connu pour sa participation à l’émission de radio La soirée est (encore) jeune, s’arrête à Laval le jeudi 2 novembre.
Présenté au Théâtre Marcellin-Champagnat, à Saint-Vincent-de-Paul, le spectacle qui s’intitule Un garçon pas comme les autres aborde tout ce qui fait sa différence. Cette différence qui autrefois moquée est aujourd’hui sa force.
Sa force
Le public est habitué par le ton cru de Jean-Sébastien Girard à La soirée est (encore) jeune, mais ce personnage grinçant n’a pas pris autant de place que l’humoriste le pensait. «Je l’avais laissé tomber un peu et je l’ai ramené. Je me suis beaucoup amusé avec le dosage.»
Il assure que son spectacle n’est pas qu’une enfilade de chroniques comme à la radio. «Il y a un côté plus tendre, plus d’humanité que je mets de l’avant», précise-t-il.
Intimidation, courage d’être soi, peur de la mort, rapport avec sa mère — l’humoriste offre une touche plus personnelle à ses spectateurs.
Il a d’abord eu de la difficulté à trouver le fil conducteur de son texte. «J’ai trouvé la ligne directrice de mon spectacle à partir du titre», référence à une vieille chanson de Starmania.
Le thème qui en est ressorti est sa différence, celle qui faisait de lui un garçon fasciné par l’écran et le showbusiness mais aussi ridiculisé par les autres.
«Il y a comme un paradoxe à l’adolescence. Tu veux te démarquer, mais en même temps tu veux appartenir au groupe», explique-t-il.
Aujourd’hui, celui qui a passé les premières années de sa vie à Laval a la force d’être lui-même.
Ses détracteurs sont maintenant devant lui. «Je trouve ça délicieusement ironique», déclare-t-il. Il s’est en quelque sorte réapproprié son récit. «J’ai repris cette histoire-là, je la raconte, et c’est avec celle-là qu’il y a des gens qui m’aiment».
Son parcours se distancie aussi des autres humoristes. Diplômé de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en théâtre, il ne se destinait pas à l’humour. Il présente son premier spectacle à 48 ans.
Dire non
«Je ne pensais jamais faire de l’humour dans la vie», avoue Jean-Sébastien Girard. C’est Juste pour rire qui l’a approché. «Sur le coup, j’ai dit non», raconte-il. Il ne se sentait pas capable d’avoir une telle écriture ou même de se souvenir de son texte.
Habitué à avoir le soutien d’autres collaborateurs, que ce soit à La soirée… ou au talk-show Bonsoir, Bonsoir, l’idée d’être seul sur scène l’insécurisait.
Il a finalement surmonté ces appréhensions. «Je ne veux pas raconter dans 10 ans que j’aurais pu faire un show, qu’on me la offert et que j’ai dit non parce que j’avais peur.»
Fort de ses expériences diverses, il attire un public varié. «Les différents projets sur lesquels je travaille amènent des publics différents». Ça lui a donné le désir et défi de plaire un peu à tous.
Son émission de radio enregistrée devant public l’a aussi préparé aux réactions de celui-ci. Au final, «j’ai été surpris de voir à quel point le plaisir est arrivé rapidement».
À l’époque
Un garçon pas comme les autres est campé dans plusieurs récits d’enfance. Avec son émission JS Tendresse Jean-Sébastien Girard est déjà reconnu pour son amour de la culture populaire surtout des années 70 à 90.
Ces références parsèment son spectacle. Il ne s’en cache pas: la télé et la musique québécoises l’ont marqué. «On a tout le temps un rapport émotif avec les premières fois».
Ces clins d’œil sont un avant-gout du vécu qui marque le texte. «Je ne pense pas qu’à 25 ans, j’aurais été capable de rire de l’ado que j’étais, de l’étudiant de théâtre que j’étais.» Même si sa carrière en humour sera nécessairement plus courte, il a l’avantage de plus de recul.
«Je suis très fièr de l’avoir fait et d’avoir transcendé ma peur». Il ne sait pas si un prochain spectacle verra le jour, mais «l’expérience est concluante de mon côté, dans le plaisir et dans le bonheur».