Une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie aurait découvert un traitement combiné d’irradiation et de vapeurs d’huiles essentielles qui détruirait efficacement les insectes, bactéries et moisissures dans les céréales entreposées.
Cette équipe, menée par la professeure Monique Lacroix, a démontré l’effet de ce procédé sur les insectes du riz. Présentement, l’industrie alimentaire utilise des fumigants pour détruire les microorganismes et les insectes qui sont les principaux ennemis des grains stockés.
Ces composés, qui s’évaporent ou se décomposent en produits gazeux au contact de l’air ou de l’eau, posent toutefois un risque pour la santé humaine et l’environnement.
«Lorsqu’on fumige le grain, une petite partie du gaz est absorbé par les céréales et relâché dans l’atmosphère, précise Mme Lacroix. Dans le cas de l’irradiation des aliments, le traitement est physique. Si de « nouvelles molécules » sont produites, elles ne sont pas différentes de celles produites par les processus normaux appliqués aux aliments, comme la chaleur.»
L’irradiation des aliments consiste à les exposer à des rayonnements ionisants, dont les rayons gamma et les rayons X. L’équipe de recherche a voulu déterminer l’efficacité de ces deux procédés, avec et sans huiles essentielles.
Augmenter la radiosensibilité
L’étude avait pour but de vérifier si le niveau d’énergie de la source d’irradiation montrant un débit variable pouvait affecter la dose ou le temps de traitement nécessaire pour tuer 90 % des insectes ou des moisissures.
L’équipe de recherche a montré que les rayons gamma étaient plus efficaces contre les insectes que les rayons X. Par ailleurs, un débit de dose plus élevé avec les rayons gamma était plus efficace qu’un faible débit. L’ajout d’huiles essentielles d’eucalyptus et d’arbre à thé en améliorait significativement l’efficacité.
«En ajoutant les huiles, nous avions besoin d’une dose de quatre à six fois plus petite selon le débit de dose provenant d’un rayon gamma, souligne la professeure du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie. En effet, elles augmentent la sensibilité des insectes à la radiation.»
Un effet similaire s’observe chez les bactéries et les moisissures, même si elles sont plus résistantes aux radiations. Selon une étude précédente, la sensibilité des microorganismes à l’irradiation augmentait d’environ 1,5 fois avec l’ajout d’huiles essentielles de thym et d’origan.
L’équipe de recherche lavalloise a aussi réalisé des expériences avec des vapeurs d’huiles essentielles diffusées dans des sacs de 5 kg de riz. Éventuellement, elle aimerait tester le procédé dans le milieu industriel, en partenariat avec des entreprises. (N.P./IJL)