Mis à jour le 18 Décembre 2025 à 17h01
Si les travaux de l’immeuble qui abritera 117 logements sociaux et abordables vont bon train dans Sainte-Rose, le financement public de 49 M$, lui, tarde à venir.
Dix-neuf (19) mois après l’annonce de ce projet sélectionné dans le cadre du 2e appel de projet du Programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ), le Courrier Laval a appris que l’argent n’avait toujours pas été déposé.

Pablo Rodriguez, alors ministre fédéral et lieutenant du Québec du gouvernement Trudeau, France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l’Habitation au Québec à l’époque, et Stéphane Boyer, toujours maire de Laval, avaient convoqué les médias le 10 mai 2024 pour confirmer le montage financier entourant ce bâtiment de six étages qui s’élève aujourd’hui en bordure du boulevard Curé-Labelle, à un jet de pierre de l’avenue de la Renaissance. Ottawa et Québec y contribuaient à parts égales pour une somme de quelque 40 M$.
Selon toute vraisemblance, un tel délai n’est pas sans conséquence, puisqu’il pourrait occasionner des pertes locatives importantes pour l’OBNL chargé de la gestion du projet en plus de priver plusieurs locataires du supplément au loyer (PSL) pour les premiers mois d’occupation.
SCHL en cause
Là où le bât blesse, c’est au palier fédéral.
À la Ville, on rappelle que ce projet d’habitation prévoit la participation financière des trois paliers de gouvernement et qu’en ce sens, l’administration municipale et la Société d’habitation du Québec (SHQ) ont convenu en 2024 d’une entente en vertu de laquelle Laval contribuera à hauteur de 40 % de la subvention de la SHQ.
«La formalisation de ce financement est toutefois conditionnelle à ce que la Société canadienne et de logement (SCHL) confirme le sien. Or, à ce jour, le projet reste en attente d’un engagement financier de la SCHL», écrit dans un échange de courriels le conseiller aux Affaires publiques à la Ville, Jonathan Lévesque.
Le cabinet du maire abonde dans le même sens.
«Le maire de Laval a directement interpellé le ministre fédéral de l’Habitation à ce sujet en août dernier», précise-t-on avant d’ajouter que des démarches ont également été menées au mois d’octobre auprès du député fédéral du comté, Carlos Leitao, «afin de faire avancer ce projet qui répond à un besoin criant de la communauté en matière de logement».
Même son de cloche du côté de la Société d’habitation du Québec.
Dans un courriel, l’organisme public mentionne qu’il «pourra confirmer sa participation et procéder au premier versement de la subvention uniquement lorsque le dossier sera complété», précisant qu’il est «en attente d’un retour d’un partenaire pour obtenir certains éléments» en évoquant la SCHL sans toutefois la nommer dans ce premier courriel. L’équipe de relations médias de la SHQ souligne par ailleurs que «plusieurs échanges ont eu lieu entre les intervenants pour faire avancer ce processus».
Qu’est-ce qui explique que la SCHL tarde tant à déposer sa lettre d’engagement et quand prévoit-elle libérer les fonds promis ? «Nous continuons de travailler avec tous nos partenaires pour trouver une solution positive pour cet ensemble de logements. Pour d’autres détails, nous vous encourageons à contacter la Société d’habitation du Québec», se limite à répondre l’agence fédérale en esquivant les questions dans un retour de courriel.
En attente d’être priorisé
Selon une note de la SCHL expédiée le 15 décembre à l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), qui regroupe 24 organisations veillant au financement et au développement de l’habitation communautaire, le processus de priorisation des projets déposés dans le cadre du Fonds pour le logement abordable (FLA) ne débutera qu’à la clôture de l’appel à projets, soit demain, vendredi 19 décembre à 23h59.
Curieusement, l’immeuble de 117 logements pour ménages à faible et modeste revenu dans Sainte-Rose, annoncé au printemps 2024 et dont la construction touche à sa fin, se trouve en attente d’une telle priorisation.
Les mains liées
Une bien mauvaise nouvelle pour Mazen Houdeib, qui dirige à la fois le GRT du ROMEL derrière le projet lavallois et la Société de gestion Querbes (SGQ), futur propriétaire communautaire et responsable de la location et de la gestion de l’immeuble.
«On n’est pas capable ni d’équiper l’immeuble et ses logements ni de choisir les locataires si on n’a pas la confirmation que le financement est bouclé parce qu’on n’est pas propriétaire de l’immeuble», déplore-t-il au téléphone.
Avec la pause des Fêtes, il craint devoir attendre encore plusieurs semaines avant de pouvoir enfin lancer le processus de sélection des locataires et de la location des logements. Et le temps presse, considérant les procédures administratives et délais entourant ce type de démarche auprès de l’Office municipal de l’habitation (OMH) de Laval, qui doit qualifier les ménages éligibles au Programme de supplément au loyer (PSL).
Non sans conséquences
«Ce retard nous expose à d’importantes difficultés financières», explique le gestionnaire qui inaugurait au début du mois un premier immeuble de 101 logements sociaux et abordables à Laval.
«Pour un organisme à but non lucratif qui fait du logement abordable et dont le calcul des loyers est fixé pour couvrir les dépenses des opérations, sans plus, c’est un enjeu majeur», poursuit M. Houdeib en évoquant des pertes locatives significatives le jour où son OBNL deviendra propriétaire des lieux avec possiblement plusieurs logements inoccupés.
Enfin, si l’attente du financement devait perdurer, le pire scénario envisageable serait que le constructeur se retire du projet de logements à prix abordable et choisisse de l’opérer comme un projet privé avec des loyers au prix du marché, ce qui priverait 117 ménages d’un loyer respectant leur capacité de payer.
Selon les échéanciers, l’immeuble du 245, boulevard Curé-Labelle serait prêt à accueillir ses premiers occupants dès la fin du mois de février prochain.
Téléchargez notre application
C’est simple et gratuit.
Meta (Facebook et Instagram) bloque vos nouvelles du Courrier Laval, tout comme Google continue de leur faire obstruction, en réponse à la loi C-18.
Pour avoir accès à vos nouvelles et rester ainsi connecté à la source, le Courrier Laval vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel avec un ratio moindre de publicités. N’oubliez pas d’activer les notifications et de passer le mot à vos proches et contacts!
Apple : https://apple.co/3wsgmKE
Android : https://bit.ly/3uGPo1D
Infolettre : https://courrierlaval.com/infolettre/



