À la suite des départs de l’ancien directeur technique, André Mercho, et responsable technique, Adam Sawmali, un groupe de parents de cinq enfants a quitté le club de soccer Chomedey (CSC) pour celui de Fabrose et demeure en attente de la signature du document de dérogation par le conseil d’administration, ayant essuyé un premier refus en mai.
Si le document est important pour les parents, c’est en partie parce que la règlementation de l’Association régionale de soccer Laval ne permet pas des mouvements de masse de la sorte et qu’il s’agit de leur seule porte de sortie.
«La règle de muté a été mis en place pour conserver la stabilité dans les clubs, mentionne le président du Club de soccer Chomedey, Stéphane Alex Bibiskos, pour justifier le refus de son conseil. Nous-mêmes, nous avons pas loin de 100 joueurs mutés. Si nous faisons une exception, il va falloir la faire pour tous les autres.»
Explication
La dérogation a été refusée le 14 mai par le CA du CSC. Les parents avaient formulé une demande, le 30 avril, auprès du conseil pour qu’il envoie l’information à l’instance régionale.
Le CA a attesté la réception du courriel le 3 mai, tout en mentionnant que la situation serait débattue à sa prochaine rencontre, en juin. Notons que la saison estivale débutait le 23 mai.
Après quelques échanges avec le Club de soccer Chomedey et l’ARSL, la rencontre a finalement été devancée au 13 mai.
Dans le courriel de refus, il est écrit « que le club a pris [la] demande au sérieux et en a discuté avec le président de Fabrose. La discussion a permis de conclure que les deux clubs partagent le même avis selon lequel la règle de muté doit être respectée.»
Joint par téléphone, le président de Fabrose, Abdillahi Yuusuf, a démenti cette information. «Je n’ai jamais été d’accord pour qu’on refuse la dérogation à un enfant. […] Surtout quand l’enfant en question sera un futur joueur [avec la fusion des clubs qui flotte à l’horizon].»
Questionné à ce sujet, le président de Chomedey est revenu quelque peu sur ses écrits, précisant qu’il avait eu «la confirmation du président Fabrose qu’il allait respecter la règle de muté».
Intimidation
Au-delà du départ d’André Mercho et Adam Sawmali, le groupe de parents a eu maille à partir avec le club sur différents sujets, notamment la nomination d’un nouvel entraîneur, Rafik Atallah, durant la saison hivernale.
«Le U10 est une équipe qui a manqué beaucoup de services dans les dernières années, concède Stéphane Alex Bisbikos. Ils aimaient vraiment Adam Sawmali qui les a dirigés durant l’été et non pas le choix qu’on a pris pour l’hiver.»
Il est important de préciser que M. Sawmali ne voulait pas retourner comme entraîneur à l’hiver, ne voulant pas créer d’injustice avec les équipes qui n’ont pas la chance d’avoir le responsable technique comme coach.
Dans ce contexte, Rafik a été présenté aux parents lors d’une rencontre le 19 février alors qu’à peine cinq parents y étaient, précise Christine Therien, une mère faisant partie du petit groupe demandant la dérogation.
Dans la foulée, une application utilisée par l’équipe pour communiquer et organiser les pratiques a été suspendu pour cause de propos et commentaires racistes selon le président de Chomedey.
La situation ne s’est jamais rétablie alors que, durant le dernier tournoi de la saison, Rafik Atallah a séparé l’équipe en deux: d’un côté ceux qui prévoyaient rester avec le club et de l’autre, ceux qui allaient quitter. «Il coachait ceux qui allaient revenir et dès qu’il changeait de ligne, il s’assoyait et arrêtait de diriger», indique Adolphe Cros, ancien entraîneur-adjoint du U10 dont le fils se trouve maintenant à Fabrose.
Le groupe de parents clame aussi que ses enfants ont subi les répercussions de cette histoire, minant leur confiance, estime de soi et occasionnant du stress face à la possibilité de ne pas jouer durant l’été.
L’ARSL pointé du doigt
Le groupe de parents critique aussi le travail de l’Association régionale de soccer Laval (ARSL) dans ce dossier, lui reprochant de ne pas avoir considéré le bien des enfants, ainsi que le manque de suivi dans ce dossier
Face aux critiques, l’ARSL se défend en mentionnant être en communication constante avec le Club et avoir fait tout en son pouvoir, mais qu’à la fin de la journée, le CSC demeure un organisme indépendant.
«On est continuellement omniprésent avec le club et la Ville, précise le président de l’Association, Bernard David. La commission de la gouvernance a fait ses recommandations. On est en discussion avec Chomedey et on collabore. […] Quand on nous dit qu’on n’a rien fait dans cette histoire-là, ce n’est pas vrai.»
«Nous avons pris soin de référer les parents vers la réglementation en place», complète le directeur général, Jean-Philippe Mayrand. Ce dernier admet tout de même que c’est la première fois de sa carrière qu’il fait face à un aussi gros dossier.