En réponse à la consultation lancée par le Conseil supérieur de l’éducation et la Commission de l’éthique en sciences et en technologie sur l’intelligence artificielle (IA), la Fédération des cégeps a déposé le vendredi 6 octobre son mémoire sur les enjeux pédagogiques et éthiques de l’utilisation des systèmes d’intelligence artificielle générative en enseignement supérieur.
Défis
Dans ce document, la Fédération rappelle que l’émergence de l’intelligence artificielle occasionne des changements sociétaux et produit des effets tangibles et durables en enseignement supérieur au même titre que l’avènement d’Internet, de moteurs de recherche comme Google, ou encore, des réseaux sociaux.
Il suffit de penser à de nouveaux outils comme ChatGPT pour mesurer l’ampleur des conséquences de l’IA sur les processus didactiques et évaluatifs.
Dans la foulée de son analyse, la Fédération prévient que les risques en lien avec l’utilisation de l’intelligence artificielle générative sont considérables.
Par exemple, certains outils utilisant l’IA se peaufinent au point d’intégrer des méthodes de travail intellectuel et de citer des sources, ce qui complique davantage la détection du plagiat.
Opportunités
En dépit de ces préoccupations, des perspectives favorables sont également évoquées dans le mémoire.
Notamment, les enseignant.e.s qui recourent à l’IA pour préparer leurs cours ont la possibilité de dégager du temps pour se consacrer davantage à leurs étudiant.e.s en difficulté.
Les personnes qui étudient y trouvent aussi différents outils pour obtenir une autre version textuelle du contenu présenté en classe, pour réviser une notion, ou encore, préparer une évaluation.
«À dessein d’y voir plus clair, la collaboration des différentes instances concernées est souhaitable et nécessaire», constate la Fédération, dans sa communication aux médias.
Recommandations
«Investie par sa mission, la Fédération des cégeps est disposée à coopérer avec le gouvernement québécois, que ce soit sur différents comités ou groupes de réflexion sur le sujet ou lors de rencontres officielles dans le cadre de ses instances, indique Bernard Tremblay, président-directeur de la Fédération des cégeps, par voie de communiqué. Il faut rappeler que l’expertise du Québec en matière d’intelligence artificielle pourrait le placer en position de leader mondial en enseignement supérieur. D’ailleurs, plusieurs centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) étudient la question et collaborent avec les universités. Afin de suivre l’évolution des développements des connaissances dans le domaine, la Fédération recommande également au gouvernement québécois de mettre sur pied un observatoire sur l’intelligence artificielle en enseignement supérieur avec des experts en éthique, en évaluation des apprentissages, en didactique ou en recherche.»
Considérant ces observations, la Fédération des cégeps propose, dans son mémoire, quatre recommandations principales.
- Elle demande au gouvernement d’élaborer des principes directeurs pour l’intégration de l’intelligence artificielle en enseignement supérieur en impliquant le réseau collégial dans le processus. La Fédération redoute une obsolescence rapide de certains programmes d’études si ceux-ci ne s’adaptent pas adéquatement à cette nouvelle réalité.
- Par ailleurs, elle suggère au ministère de l’Enseignement supérieur (MES) de procéder à l’élaboration d’un référentiel de compétences en intelligence artificielle conçu tel un continuum, ou encore, de bonifier le référentiel de compétences numériques actuel.
- La Fédération des cégeps recommande également au MES d’envisager la perspective de dégager des sommes dédiées aux actions entreprises par les cégeps, organismes ou entités du réseau collégial en lien avec l’intelligence artificielle, plus particulièrement pour le développement professionnel du personnel.
- Enfin, pour la Fédération, il importe que le réseau collégial soit soutenu afin d’adapter localement les programmes d’études à la nouvelle réalité professionnelle induite par la démocratisation de l’intelligence artificielle. Selon l’organisation, les cégeps ont développé les compétences nécessaires pour mener à bien cet exercice et il est crucial qu’ils soient soutenus pour en assurer le déploiement.
Conclusions
En somme, le mémoire déposé aujourd’hui par la Fédération des cégeps démontre que l’intelligence artificielle générative appelle une réflexion collective quant à ses répercussions à l’égard de la profession enseignante et de la réalité étudiante, mais aussi, de tout l’écosystème collégial.
La Fédération des cégeps, par l’entremise de ses instances et de ses communautés de pratique, affirme être en mesure de faire avancer la réflexion en collaboration avec le gouvernement. (C.P./IJL)