L’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) mène présentement une vaste étude nommée Covideuil. Celle-ci porte sur les répercussions de la perte d’un proche sur la santé en période de pandémie. Les chercheurs visent à interroger 5000 adultes canadiens qui ont vécu un deuil depuis mars 2020, quelle que soit la cause du décès du proche.
Un sondage préliminaire a été réalisé l’an dernier auprès de répondants québécois afin d’identifier les principaux enjeux à surveiller. «Avec cette première étape, nous en avons appris beaucoup sur les façons dont les gens ont réagi face aux restrictions liées aux rites funéraires. Plusieurs se sont servis de plateformes numériques, tandis que d’autres ont effectué des hommages intimes comme une marche ou l’illumination de bougies», explique Jacques Cherblanc, professeur à l’UQAC et responsable de l’étude.
Il dit avoir reçu des témoignages de gens qui se sont rendus compte de la pertinence des salons funéraires durant leur fermeture. Certains ont aussi avoué se sentir coupables d’avoir déjoué les règles sanitaires pour obtenir du réconfort.
DEUXIÈME PHASE
M. Cherblanc et son équipe de chercheurs lançaient la deuxième phase du projet le 24 janvier dernier. Il s’agit d’un questionnaire sur le Web d’environ 25 minutes, suivi d’entrevues individuelles approfondies qui s’échelonneront sur une plus grande période.
«Nous menons une étude longitudinale d’une durée de quatre ans. Notre but est de comprendre les conséquences à long terme du deuil pandémique sur la santé pour pouvoir faire des recommandations si une situation semblable se reproduit», mentionne le socioanthropologue.
Les autres chercheurs impliqués dans l’étude sont Christiane Bergeron-Leclerc, Danielle Maltais et Chantale Simard de l’UQAC, Josée Grenier, Chantal Verdon, Éric Tchouaket de l’Université du Québec en Outaouais ainsi que Susan Cadell et David K. Wright de l’Université d’Ottawa. Ils analysent les données au fur et à mesure et rendent leurs rapports accessibles dès qu’ils le peuvent sur leur site Web ainsi que leur page Facebook.
SANTÉ PUBLIQUE
«Les informations que nous obtenons sont transmises à la santé publique et aux différents ordres professionnels pour lesquels elles sont pertinentes. Cela peut également servir aux intervenants funéraires», assure M. Cherblanc, également impliqué au sein du Centre international d’études sur la mort (CIEM).
À la fin de l’étude, une rétrospective englobant toutes les phases sera présentée. Les données seront comparées à celles de plusieurs autres pays, dont la Belgique, la Suisse et le Mexique.
INTERDISCIPLINAIRE
Jacques Cherblanc rappelle que chaque deuil est unique et que l’étude s’intéresse à toutes les formes qu’il peut prendre.
«Les gens peuvent être portés à croire que nous cherchons uniquement des témoignages de personnes dévastées, mais ce n’est pas le cas. Notre équipe est interdisciplinaire, on s’intéresse aussi à ceux qui ont des choses positives à nous partager. Cela peut servir pour élaborer des pistes de solutions», de conclure le chercheur.
Les personnes qui ont perdu un être cher et qui souhaitent participer à l’étude Covideuil sont invitées à se rendre sur le site Web uqac.ca/covideuil. Pour avoir un aperçu de la recherche, consultez l’onglet Faits saillants du site ou la page Facebook Covideuil.
(Par: Megan Champagne – Le Canada Français, Initiative de journalisme local)