Des personnes âgées de la résidence du Domaine des Forges III, située au 263, boulevard Sainte-Rose, se sont plaints de la suppression de leur salle à dîner.
Mathieu Duguay, qui a acquis la résidence pour retraités en avril dernier, a convoqué ses locataires le 20 juin afin de leur annoncer la suppression des services de repas, le midi et le soir, dans la salle à manger collective, ainsi que la suppression de trois gardes de sécurité.
Pétition
«Ils nous ont enlevé notre salle à dîner, le 1er juillet, sous prétexte qu’elle n’était pas rentable. Cela, sans même nous proposer de payer nos repas plus chers», indique Jeanne Blanchard, 82 ans.
Avec l’aide du député de Vimont, Vincent Auclair, Mme Blanchard a fait circuler une pétition pour que soit «maintenu le service de repas en salle à manger». Une quarantaine de personnes avaient signé, début août.
«Ça s’est fait de façon sauvage, sans aucune consultation», estime Maurice Lacroix. Début août, l’homme âgé de 75 ans a finalement exercé un recours à la Régie du logement.
Trois à six mois de préavis
Un avocat en droit civil indique que si le service de salle à dîner est inscrit dans le contrat des locataires, ces derniers auraient dû être informés trois mois avant la fin de leur bail, en vertu des articles 1941 et suivants du Code civil du Québec.
«Les services directement fournis aux résidents doivent faire l’objet d’une modification des conditions du bail», dit-il.
Le directeur des services organisationnels à la Régie du logement, Jean-Yves Benoit, confirme. «Si c’est dans le bail, il [le propriétaire] ne peut pas le modifier en cours de bail. Les délais pour informer les résidents sont de trois à six mois avant la fin du bail», affirme-t-il.
Accommodement
Le propriétaire de la résidence dit avoir vérifié les baux. «Dans tous, à l’exception de trois ou quatre, le service des repas n’était pas inclus».
La directrice de la résidence, Yvonne Bernier, indique que pour ces personnes, un accommodement est proposé.
«Ils peuvent aller manger au Domaine des Forges I pour le même prix. En passant par l’entrée du garage chauffée, ils n’ont que 20 mètres à marcher à l’extérieur», explique M. Duguay.
Un service peu fréquenté
La décision du propriétaire, Mathieu Duguay, également vice-président de la Société de gestion Cogir, a été motivée par plusieurs raisons.
«Le service alimentaire était peu fréquenté. Sur 84 appartements, seules 3 ou 4 personnes avaient des forfaits de repas réguliers. Or, ça prend une adhésion forte pour assurer un volume de base, déclare-t-il. De plus, la qualité des repas et l’ambiance n’étaient pas à la hauteur.
«On a mis sur pied d’autres alternatives, comme la possibilité de commander des plats cuisinés congelés», poursuit M. Duguay.
Des locataires déçus
Une dame qui a de la difficulté à marcher raconte qu’elle «voudrait bien que ça revienne. J’aimais beaucoup la facilité. On prend l’ascenseur et on vient souper. Je réalise qu’en achetant de la nourriture, c’est plus cher».
Ivanohé Libersan, âgé de 85 ans, entame sa troisième année dans la résidence. «Je suis venu pour le service de repas. Aujourd’hui, j’en prépare moi-même, je vais au restaurant, mais ça ne fait pas toujours mon affaire. Je pense à l’hiver…» explique-t-il.
Un locataire, qui a subi plusieurs opérations aux jambes et au coeur, a d’ailleurs dû déménager dans la résidence où se trouve le service des repas, afin de continuer à en bénéficier.