À la demande du groupe de contestation « Tous POUR la fin du halo lumineux des Serres Toundra », une pétition contre la pollution lumineuse vient d’être mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale. La pétition souligne « qu’au cours de la nuit du 31 janvier 2022, le satellite VIIRS a enregistré des intensités lumineuses 100 fois plus fortes au-dessus des serres Toundra que celles mesurées au-dessus du centre-ville de Montréal ».
« On veut la fin de la pollution lumineuse », lance Caroline Lavoie, l’initiatrice de la page de contestation lancée au début du mois de janvier. Depuis quelques semaines, cette dernière a fait plusieurs représentations politiques, notamment auprès de la députée de Roberval, Nancy Guillemette, qui a accepté de parrainer la pétition, qui sera diffusée pendant un mois sur le site de l’Assemblée nationale.
« La pétition demande au gouvernement de légiférer contre la pollution lumineuse, dit-elle. Mon rôle est de représenter tous les citoyens sur le territoire, dont ceux qui subissent les effets lumineux non désirés. »
La députée est consciente que les Serres Toundra sont nommées dans les considérants, mais l’objectif est plutôt de se doter d’une réglementation provinciale, alors que les projets de serres sont en plein essor dans la province, avec les aides gouvernementales pour promouvoir la production locale.
« On doit écouter la population, mais on ne veut pas faire peur aux entrepreneurs, notamment les Serres Toundra, qui font de gros efforts pour régler le problème, ajoute Nancy Guillemette. On doit trouver l’équilibre en utilisant la meilleure technologie disponible pour réduire les émissions de lumière, mais on veut aussi du développement économique dans nos comtés et on veut que nos légumes soient produits chez nous. »
Après avoir analysé la pétition, la semaine dernière, l’Assemblée nationale a accepté de la publier lundi matin sur son site Web.
Le texte vise à mettre fin à la pollution lumineuse à l’échelle québécoise, en citant le projet des Serres Toundra à titre d’exemple. Dans les considérants, on peut notamment y lire que « le halo lumineux émanant du mégacomplexe serricole de Saint-Félicien cause une perte de jouissance du milieu de vie, des inconvénients et des désagréments à la population environnante composée de 36 villes et municipalités ».
On y note aussi qu’un satellite de la NASA a enregistré une intensité lumineuse 100 fois plus grande au-dessus des Serres Toundra qu’au-dessus du centre-ville de Montréal, le 31 janvier dernier. Rémi Boucher, le coordonnateur scientifique et porte-parole de la RICEMM, la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, a confirmé cette information.
La pétition fait aussi référence à l’Organisation mondiale de la Santé qui reconnaît officiellement que le dérèglement de l’horloge biologique, causé par la pollution lumineuse, peut entraîner de nombreux problèmes de santé, allant de l’insomnie au cancer en passant par la dépression, le diabète et l’obésité. Les impacts sur la faune et sur l’observation du ciel étoilé sont aussi mentionnés.
« On veut qu’il y ait une réglementation provinciale sur la pollution lumineuse pour régler ce problème-là », remarque Caroline Lavoie. Alors que plusieurs projets semblent à l’étude au Saguenay-Lac-Saint-Jean, elle souhaite voir une réglementation implantée le plus rapidement possible. Elle a d’ailleurs commencé sa tournée en rencontrant plusieurs maires, préfets et fonctionnaires dans les municipalités et les MRC du Lac-Saint-Jean. « Je veux que les politiciens de la région se prononcent clairement sur cet enjeu », dit-elle.
Gibbons pour une réglementation
Caroline Lavoie a notamment posé des questions au conseil de ville de Saint-Félicien, lors de la séance de lundi soir, tenu par visioconférence. En réponse à ses questions, le maire de Saint-Félicien a soutenu qu’il était pour une réglementation sur la pollution lumineuse.
« Nous voulons faire une réglementation territoriale pour toute la MRC », a-t-il avancé, ajoutant que les discussions à ce sujet ont été entamées. Pour l’instant, il lui était impossible de préciser un échéancier, mais il souhaite procéder le plus rapidement possible.
« On a reçu une trentaine de plaintes quand le promoteur [les serres Toundra] a fait des tests, a noté le premier magistrat, mais depuis l’installation des toiles, on n’a pas eu de plaintes. Je pense que le promoteur est bien au fait de la problématique et qu’il ne devrait pas avoir de problème à se conformer aux nouveaux règlements. »
(Texte: Guillaume Roy – Le Quotidien, Initiative de journalisme local)