À la fin du mois de mars, Action travail des femmes (ATF) a lancé le rapport de recherche Maintien et stabilisation des travailleuses de la construction au Québec: une industrie à la croisée des chemins à l’occasion d’une journée de bilans et d’échanges qui a réuni près de 100 travailleuses, acteurs de l’industrie et partenaires autour des questions d’accès à l’égalité des femmes en construction.
Réalisé grâce à Femmes et Égalité des genres Canada, ce rapport s’inscrit dans la continuité des actions menées par ATF depuis plus de 40 ans pour mettre fin à la discrimination systémique des femmes en emploi, particulièrement dans les secteurs non traditionnels.
État de la situation
Depuis 2020, plus de 5000 femmes ont intégré l’industrie de la construction (près de 9% des nouvelles entrées dans l’industrie).
Entrées dans le secteur dans un contexte économique effervescent et sous l’élan des politiques de relance gouvernementales et de mesures de rareté adoptées par la Commission de la construction du Québec (CCQ), ces nouvelles travailleuses comptent pour 70% de la main-d’œuvre féminine totale en construction.
En 2022, les femmes représentaient 3,63% de la main-d’œuvre dans les métiers et occupations du secteur.
Rétention
Bien qu’un nombre croissant de femmes choisissent le domaine de la construction (près de 9% des entrées annuelles), ATF demeure fortement préoccupée par l’absence de mesures pour assurer leur maintien.
En effet, les tendances démontrent que 55% des travailleuses quittent l’industrie 5 ans après leur entrée (contre 35% des hommes).
Les différentes formes de discrimination et le harcèlement vécus par les travailleuses ont des conséquences directes sur leur capacité de formation et d’apprentissage, leur accès à des emplois de qualité respectant leurs droits et leur autonomie économique.
Le rapport de recherche présente les parcours de maintien des travailleuses en fonction de sept grands thèmes et actualise les défis de maintien des femmes au regard du contexte actuel.
Il propose également plus de 90 recommandations structurantes pour favoriser la stabilisation des travailleuses dans le secteur.
Le gouvernement du Québec et ses différents ministères, la CCQ, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), de même que les organisations patronales et syndicales ont le pouvoir d’agir, ici et maintenant, pour le maintien des femmes dans l’industrie.
Selon l’ATF, la sous-représentation des femmes dans l’industrie de la construction n’est pas une fatalité. La réouverture de la Loi R-20 et le renouvellement du Programme d’accès à l’égalité des femmes (PAEF) annoncé pour 2025 offrent une occasion de changement incontournable.
La pleine participation des femmes et leur rétention dans le secteur demandent des efforts concertés: il s’agit d’une question de droits fondamentaux qui doit primer sur les impératifs économiques. (C.P./IJL)