Les pompiers de la caserne 7, à Auteuil, ont désormais comme lieutenante la première femme officière aux opérations dans l’histoire du Service de sécurité incendie de Laval.
Cette réussite mérite d’être soulignée quand on sait que Laval ne compte que 3 femmes parmi les 280 pompiers de son effectif.
«C’est un nouveau défi et pratiquement un changement de carrière, mais en restant au même endroit», réalise Isabelle Tardif.
La lieutenante sera donc l’officière responsable d’une unité complète. C’est elle qui veillera à distribuer les tâches, superviser le travail et veiller à la sécurité des pompiers risquant leur vie sur le théâtre d’un incendie.
«Les gars savent ce qu’ils ont à faire, mais au besoin, je donne les directives pour les tâches à accomplir, explique une Isabelle Tardif contente de sa nomination, surtout en raison des nombreux examens auxquels elle a dû se soumettre. C’est beaucoup de travail à faire sur nos heures personnelles, avant de passer des tests pratiques, théoriques et psychométriques.»
«Isabelle est une leader et rassembleuse que tout le monde apprécie et respecte, de confier Carl Lavigne, chef aux opérations au Service de sécurité incendie de Laval, qui a jadis accueilli la future officière comme recrue dans son équipe. Elle sait être drôle et sérieuse à la fois dans ses propos aux pompiers., en comprenant bien tous les aspects du métier.»
Changement de culture
Championne de CrossFit, titrée notamment à Paris et Toronto, Isabelle Tardif a découvert dans ce sport de nombreuses similitudes avec sa profession.
«Ça demande de la force généralisée, flexibilité, en exigeant des efforts soutenus en intervalles de 15 à 20 minutes, ce qui correspond au temps qu’on a avec notre masque à oxygène, précise la mère de deux petites filles. Ça vient aussi chercher mes valeurs de communauté et solidarité. Ça répond à mon besoin de faire mon travail le plus longtemps possible et en santé.»
«Isabelle a insufflé une culture de l’entraînement partout où elle est passée, ajoute le chef Lavigne. Elle entrait dans une caserne où les gars levaient des poids ou ne s’entraînaient pas; puis trois mois plus tard, tout le monde était en short et suait durant des séances de CrossFit.»
«Je dirais aux jeunes filles intéressées par le métier de pompier que l’important, c’est d’essayer. On fait le travail comme les hommes.»
– Isabelle Tardif, lieutenante aux opérations
Par hasard
Fille d’un père entrepreneur en construction et d’une mère gestionnaire de commerces, rien ne prédestinait Isabelle Tardif au métier de pompier quand elle a grandi à Saint-Denis-de-Brompton, au bord du lac Desmarais, en Estrie.
Sportive de haut niveau, particulièrement en gymnastique, la jeune femme a terminé le secondaire et entamé ses études collégiales, incertaine de son avenir. Puis un jour, alors qu’un camion de pompiers passait en trombe, un ami de l’époque l’a apostrophée, lui disant qu’elle pourrait faire ça dans la vie.
«L’idée est restée et j’ai commencé à m’informer», raconte la principale intéressée qui s’inscrira peu après à l’Académie des pompiers, à Mirabel, avant de compléter sa formation en techniques de sécurité incendie, au Collège Montmorency.
Après avoir réussi le concours final, c’est en 2007 que le Service de sécurité incendie de Laval lui fera signe.
Parcours
Depuis son premier jour à Chomedey, Isabelle Tardif a gravi tranquillement les échelons de caserne en caserne, de Saint-François à Sainte-Dorothée, en passant par Sainte-Rose, le quartier qu’elle a habité une douzaine d’années.
De 2017 à septembre 2021, elle est promue comme lieutenant-instructeur, enseignant notamment aux opérateurs de camion-pompe le bon positionnement et l’alimentation adéquate en eau.
«J’aime être pompier depuis mon premier jour à l’école. C’est pas juste arroser un feu. Il y a la vie de caserne, le service à la population, la diversité des appels, les horaires atypiques et, bien sûr, les poussées d’adrénaline qui nous habitent parfois des jours durant», de conclure celle qui est déménagée récemment dans sa région natale, non loin de Sherbrooke.