«Après sa présence solo chez nous en 2010, j’ai pensé invité la Lavalloise Lisa Tognon en tant qu’artiste-commissaire afin de présenter une nouvelle exposition et elle a pensé au travail de trois femmes, trois générations, dont elle admire l’œuvre sans les connaître personnellement», exprime Jasmine Colizza, muséologue responsable de la salle Alfred-Pellan, à propos de Retentissements, un collectif accessible jusqu’au dimanche 28 juillet à la Maison des arts de Laval.
C’est ainsi que le public lavallois peut encore découvrir les démarches fascinantes de Raymonde Godin, Martha Townsend, Jinny Yu et Lisa Tognon dans un riche dialogue de sensibilités à la fois intimes et tournées vers le monde.
«Je suis allée à l’essentiel et trouvé des artistes qui, comme moi, tentent d’être le plus authentique dans leur création», affirme Lisa Tognon, qui se considère comme une praticienne de l’art avant tout.
«Ces œuvres appellent à la contemplation, de continuer Jasmine Colizza. Il était important de donner la parole à ces femmes qui ont toutes des carrières en mêlant les médiums, que ce soit la peinture, le dessin ou bas-relief, autant en deux que trois dimensions.»
«Qu’est-ce que je vis quand je regarde une œuvre d’art? Je cherche l’impact m’amenant à voir les choses autrement.»
– Lisa Tognon, artiste-commissaire
Dans un mot destiné aux visiteurs de l’exposition, Lisa Tognon mentionne qu’avec Retentissements, une expression empruntée au philosophe Gaston Bachelard, elle «désire sonder la manière dont on reçoit une œuvre d’art et comment cette réception peut ouvrir de nouveaux horizons à celui ou celle qui la regarde.»
Martha Townsend et Raymonde Godin
Originaire d’Ottawa et vivant à Montréal, Martha Townsend pratique un minimalisme ouvrant sur une vaste suggestion de l’univers, particulièrement dans ses sculptures.
«Il n’y a pas beaucoup de monde qui a ce bagage au Québec, notamment l’idée d’aller plus loin que la représentation, relate Lisa Tognon. Elle crée des formes simples avec ingéniosité. Il y a une incroyable force d’évocation dans si peu d’éléments.»
Québécoise expatriée en France, au pied du mont Ventoux, depuis des décennies, Raymonde Godin continue de créer à près de 90 ans. Ses tableaux ne laissent aucun visiteur indifférent.
«Elle a toujours gardé les paysages québécois de sa jeunesse en elle, précise la commissaire-artiste. Je n’aime pas beaucoup la classification, mais plutôt les mélanges et Raymonde Godin représente bien cela. Dans sa peinture, je suis touchée par la forêt montrée dans toute sa densité.»
Jinny Yu
Venue de Corée du Sud, Jinny Yu explore avec aplomb les question d’identité par le biais de toiles principalement abstraites.
«Elle utilise notamment de l’encre coréenne dans son installation, on assiste alors à une véritable quête identitaire, relève Lisa Tognon. Dans ses miroirs ancrés au sol, on peut notamment deviner une masse de gens marchant. Jinny Yu voudrait faire éclater les points de vue pour atteindre une vision plus globale de l’être.»
Quant à la Lavalloise elle-même, son choix de pièces illustre judicieusement sa tentative de capter la lumière des dernières années à l’aide de la transparence du papier et de projections d’ombres en mouvement.
«Je voulais que la matière prenne beaucoup de place, que ce soit la pierre, le papier, l’eau, pour la préserver dans ce qu’elle a de beau», raconte-t-elle.
La salle Alfred-Pellan est située à la Maison des arts de Laval (1395, boulevard de la Concorde Ouest). Information: 450 662-4440.